South Survivors

"Pourquoi j'ai fait ça ?"

A sa grande surprise, bien que Merle la fusille du regard, sa voix n'était pas forte et furieuse comme d'habitude, mais réduite à un chuchotement agacé.

"Si tu veux pas que j'le refasse, alors ferme ta gueule."

Il lui intima d'un geste de s'assoir et de ne pas faire de bruit.
Les rôdeurs autour de la maison, eux, n'avaient pas cessé d'en faire.

"On a reçu d'la visite, figure-toi. Et devine pourquoi ? Parce qu'une débile fiévreuse s'est mise à hurler comme une truie qu'on égorge."

Merle se réinstalla à l'endroit qu'il occupait précédemment, assis contre le mur.
Il jeta un coup d’œil en direction de Judith, constatant qu'elle dormait toujours.
Il avait improvisé un lit pour elle en sortant un large tiroir, rempli d'habits, d'un meuble de la chambre.
Merle se fit la réflexion que c'était sans doute l'unique personne dans la pièce qui se sentait bien.
Son regard revint alors à Emi.

"Tu sais c'est quoi le premier truc que j'me suis dit une fois hors de la prison l'autre jour, quand j'ai vu qu'j'me retrouvais avec la mioche ?" demanda-t-il.

"J'me suis dit : fait chier, elle va pas arrêter d'gueuler et d'faire du boucan, elle va rien écouter de c'qu'on lui dit, elle va être un vrai boulet et nous rapporter que des emmerdes.
Et ben, tu sais quoi ?"

Son regard arrima celui d'Emi, perçant et terrible.

"J'avais entièrement raison.
A part sur un truc : j'étais pas en train d'parler d'Judith. J'étais en train d'parler de toi, sauf que j'le savais pas encore."

Ce fut d'une voix impitoyable qu'il poursuivit :

"Cette fois-ci c'est le dernier avertissement, t'en auras pas d'autre. Cette connasse de Michonne m'a coincé ici avec vous deux et, honnêtement, je me demande VRAIMENT ce que j'fous encore là. Alors, si l'huître molle qui t'sert de cerveau fonctionne encore un tout petit peu, ne m'donne pas de bonne raison supplémentaire pour me tirer en vous abandonnant ici. Parce que je suis déjà à deux doigts de l'faire."

Merle rejeta la tête en arrière, appuyant l'arrière de son crâne contre le mur, fermant les yeux.
Cette fois-ci, il espérait que la menace serait suffisamment explicite.
Emi n'aurait pas d'autre chance. Pas de sa part.
Ceci dit, il n'avait pas été complètement honnête dans sa menace.
Il n'avait pas l'intention d'abandonner Judith.
Emi, par contre, il l'envisageait clairement.
Il n'avait pas la moindre considération pour elle.
Ce qui ne lui inspirait pas le moindre remord, étant donné qu'elle n'en avait pas la moindre pour lui non plus.

Si elle l'avait croisé avant l'épidémie, elle n'aurait même pas accepté de lui serrer la main, de peur de salir la sienne.
Une brave petite princesse comme elle, bien née, bien élevée, polie et surtout, bien lisse et bien propre, sans un cheveu qui dépasse... qu'est-ce qu'elle aurait bien pu faire avec un type comme lui ?
Elle lui aurait même pas confié ses poubelles à sortir.

Mais alors maintenant, c'était plus la même histoire.
Maintenant qu'elle se retrouvait toute seule, sans défense, malade et terrorisée, maintenant, oh que oui, on appelait Merle au secours.

Les gonzesses.
Toutes les mêmes.
C'étaient les premières à le traiter de brute épaisse, à le juger, le mépriser pour sa brusquerie, sa violence et son manque d'empathie.
Et c'étaient les premières aussi pour se cacher derrière lui en cas de danger, bien soulagées qu'il soit capable de trucider les rôdeurs à leur place, bien contentes que ce soit lui qui fasse le sale boulot, se salisse les mains et encaisse les trucs durs.
Après tout, c'était Merle Dixon, pas vrai ? Le bourrin, le voyou, l'enfoiré de fils de pute sans cœur.
Qu'est-ce qu'on en avait à foutre de savoir s'il dormait bien la nuit ou pas ?

Suite aux paroles dures de Merle, Emi se recoucha et se tourna de l'autre côté. Elle entendit Merle grognait et se rasseoir. Elle ferma les yeux et elle pleurait encore.
Elle avait une énorme boule au ventre.
Elle voulait faire des efforts, prouver à Merle qu'elle n'était pas inutile, mais c'était le cas. Elle l'était.

"Tu crois en Dieu, toi ?"

Elle ne s'attendait pas à une réponse de sa part. Mais elle continua :

"Moi, je n'y crois pas. Je préfère m'appuyer sur des faits scientifiques. Par contre, mes parents eux, ils y croient. Enfin... Ils y croyaient. Avant."

Elle changeait complètement de sujet. Elle délirait et ce qu'elle disait était incompréhensible, contradictoire.

"Mais j'veux pas mourir seule. Parce que j'ai peur. J'suis effrayée. Parce que je n'ai pas envie d'être vide, de manger des humains et de rôder par-ci, par-là. Une insignifiance créature. Alors, sois tu m'achèves maintenant, sois tu restes avec moi. Jusqu'à s'que meurt. J'te demanderai rien d'autre. Juste, fait ça. Parce Matt ne l'fera pas. Parce que personne ne le fera parce que tout le monde est devenu... Méchant. Tous des bâtards."

Elle ne pouvait plus continuer. Sa gorge était tellement sèche... D'ailleurs, elle ne savait même pas comment elle avait eu le courage, la force de dire tout ça.

"Ouais, Dieu c'est un putain d'marrant. Avant l'épidémie, tout l'monde était en train de jacter que l'apocalypse était proche. C'est peut être un scientifique qui a merdé hein. Ou bien, j'en sais rien... Putain d'merde mais pourquoi l'Etat n'était pas déjà prêt à cette éventualité ? Une épidémie... Pourquoi ils ont bombardé la ville, tiré sur tous c'qui bouge... Ils n'auraient pas pu, crée des centres, des vrai ! En attendant, j'suis sûre que les plus riches ils sont bien pépères. Ou p'têtre qu'ils ont tout simplement crevé. Comme moi j'vais crever."

Elle avait du mal à ravaler sa salive. Elle enfonça sa tête dans le cousin pour cacher ses sanglots.
D'un coup, elle entendit Judith gémir, puis du mouvement.
Elle ne s'inquiétait pas. Elle faisait sûrement un petit cauchemars.
Par contre, elle ne savait pas où Michonne était. Elle était presque sûre qu'elle était partie. De toute manière, Merle et Michonne s'en foutent royalement d'Emi. D'ailleurs, elle ne savait même pas pourquoi Merle était encore là.
Il allait partir, elle le savait.

Elle se replia sur elle-même et prit dans ses mains ses chevilles. Elle tentait de dormir mais elle n'y arrivait plus.
Elle n'arriverait plus à rien.
Elle voulait se laisser aller et partir...

"Tu peux partir Merle. Prends la p'tite et part. J'te donne pas d'ordre hein. Mais tu es libre de partir. Tu as toujours été libre de partir. Mais tu es resté... Si jamais tu retrouves Matt, dis-lui que... Dis-lui c'que tu veux. Mais notamment que j'suis désolée. Que j'l'aimais et que... C'est moi qui ai tué son hamster quand il avait 9 ans."

Elle souriait doucement en repensant à son enfance avec Matt.

Suite aux reproches de Merle, Emi n'avait rien répondu, et s'était retournée.
De toute façon, après ce qu'il venait de lui foutre dans la gueule, ça l'aurait beaucoup surpris qu'elle trouve quoi que ce soit à répondre.

Aussi, il fut sincèrement étonné de l'entendre lui parler.
Il écouta attentivement son monologue, jusqu'à la fin.

"En fait, moi, j'y crois", déclara-t-il.
Ses propres paroles l'étonnèrent.
"En Dieu", précisa-t-il. "Enfin... je crois qu'il existe, mais j'crois pas qu'il nous aime beaucoup.
J'crois pas non plus qu'il nous pardonne. La raison d'tout ça... j'sais pas. Pt'être que c'est pour nous punir. P't'être qu'il nous déteste. Enfin... j'réfléchis pas beaucoup à tous ces trucs-là", admit-il.
La théologie n'était pas franchement un domaine où il s'aventurait volontiers.

C'était étrange de se retrouver soudain à parler de foi avec Emi.
L'unique personne jusqu'à présent avec qui il avait eu des discussions à propos de religion, c'était Hershel.
Lui il était intelligent, il avait des idées à propos de ça.

"Par contre", reprit-il, "un truc que j'sais, Em', c'est qu'si tu raisonnes comme ça, t'as aucune chance de t'en sortir.
Ca fait presque deux ans qu'je vis dans toute cette merde, et j'ai vu un paquet d'gens vivre et mourir.
J'peux pas dire que ceux qui avaient le plus envie d'vivre, ceux qui étaient l'plus prêts à s'battre pour pas crever sont ceux qui sont restés en vie. Mais ce dont j'suis sûr, c'est qu'ceux qui ont abandonné, ceux qui s'sont laissé aller, qu'ont perdu leurs couilles et qui s'sont résignés à mourir, et ben, ceux-là, tu peux me croire, ils sont morts.

T'apitoyer sur ton sort, ça va pas t'aider.
Chialer, ça va pas t'aider.
Si t'as vraiment plus envie d'vivre, alors colle-toi une balle dans la caboche. Mais ne m'demande pas d'le faire pour toi. T'es une adulte, tu prends tes responsabilités."

Il la regarda alors droit dans les yeux.

"Démerde-toi pour survivre. Fais c'qu'y faut pour pas crever ici... et ton frangin, ton histoire de hamster à la con, tu pourras lui raconter toi-même."

Emi leva les yeux au ciel, un petit sourire en coin.

"Tu sais parler aux femmes, toi."

Elle se redressa légèrement et caressa sa nuque.

"Tu sais, même si j'étais pompier urgentiste, j'en ai vu des morts... Mais lorsque le premier mordu que j'ai essayé de soigner est mort devant moi... Je ne sais pas, un truc à tilter dans ma tête. Maintenant, j'ai peur de tout. Il suffit que j'voie un organe qui traîne à terre et j'ai mal au cœur. Rien que d'y penser là, j'ai envie de gerber mes tripes. Pourtant, j'aimerais faire des efforts. Tu sais... Quand je t'ai demandé une arme, c'était juste pour t'impressionner. Je ne sais pas m'en servir. Peut-être que quand j't'ai dit que j'voulais une arme, tu aurais eu un peu plus d'estime pour moi... Quand j'ai vu le rôdeur dans le magasin, j'ai voulu l'achever avec une balle. Mais avec le bruit, bah, il y en aurais encore plus... Je sais c'que tu penses ! J'ai encore fait plus de boucan avec ma hache en faisant tomber comme des dominos les étagères... Mais j'voulais juste être utile."

Elle baissa la tête et renifla. Elle releva la tête et adressa un petit sourire triste à Merle et en soulevant les épaules, elle ajouta :
"J'ai vraiment l'impression d'être une grosse merde dans cette vie-là. Et je le suis encore plus sans Matt. Comment tu as réagi toi la première fois que tu as vu un rôdeur ? C'était quand ?"

Elle toussota légèrement et se couvra la bouche. Elle plaqua sa tête contre le mur et fixa Merle. Elle le trouvait impressionnant. Elle ne savait pas comment il ne pouvait pas craquer dans ce genre de situation. Emi était faible. Et elle avait peut-être la réponse du pourquoi. Elle ne lâchait jamais son frère. Elle était toujours derrière lui, parce qu'elle lui faisait énormément confiance. Mais elle avait immensément apprécié la compagnie d'Hershel lors de son arrivé. Il lui avait appris de nouvelles choses et lorsque la maladie s'était propagée dans la prison, elle l'avait aidé.

"Et si ce virus n'était seulement qu'un cousin de la grippe espagnole ou la peste noire ? Peut-être le rhume."

Elle pouffa de rire. Elle pensait qu'elle venait de dire quelques choses de complètement débile puis elle se rattrapa :

"Tu sais, ça vient souvent d'un rien, les choses comme ça. Regarde, la grippe espagnole. C'est passer de l'animal à l'homme. Fin', ils disaient ça hein... C'est peut-être pareil, le virus du rôdeur. Imagine le premier rôdeur. Morsure de chien ou quelques choses dans l'genre... À la prison, c'était pareil. C'est p'têtre à cause du cochon..."

Elle n'avait aucune idée de comment et pourquoi toutes ses idées absurdes lui venaient en tête. Mais elles les sortaient, naturellement.
Mais ce n'est pas seulement sa conversation, -plutôt monologue- qui est bizarre. Mais le fait que Merle l'écoute. C'est peut-être pour ça qu'elle ne dit que des débilités. Pour une fois, il l'écoute et réponds même. Et c'est le principal pour elle.

Le choix à faire était tellement facile qu'il n'avait même pas besoin d'y réfléchir.
L'assumer par la suite, ce serait peut-être plus difficile, mais là, dans l'immédiat, il n'y avait pas d'hésitation à avoir.
Judith passait en premier.
Très largement.

Il commença à sortir son revolver de son holster, lentement, silencieusement.
Emi continuait de parler, et ne regardait pas dans sa direction.
Elle ne se rendrait compte de rien.
Mais, alors qu'il commençait à viser, il changea soudain d'avis.
Michonne allait revenir. Elle risquait de trouver Emi avec une balle dans la tête, et plus la moindre trace de lui et Judith.
Si ça remontait aux oreilles de Matt, de Rick, ou pire, de Daryl... on le considérerait comme un assassin, il perdrait sa place dans le groupe à coup sûr.
Pire encore, si Judith mourrait à son tour, on l'en accuserait, et cela signerait son arrêt de mort. Rick Grimes était beaucoup de choses, mais quand il s'agissait de sa famille, c'était un type dangereux. Très dangereux.
Il pourrait toujours tenter de faire croire à Michonne qu'Emi était morte puis s'était ranimée, mais la noire n'était pas stupide... elle verrait que le cadavre n'avait pas les pupilles blanchâtres typiques des rôdeurs, et que la jeune fille n'était pas morte en crachant des gerbes de sang comme les autres malades.
Non, Michonne n'avalerait jamais ce mensonge.

Et puis, après tout, il y avait une petite, toute petite chance pour qu'elle arrive à temps pour Emi.
Merle refusait d'attendre ne serait-ce qu'une heure pour avoir une chance de sauver Judith, mais la Jumelle, peut-être bien qu'elle supporterait de patienter encore un peu.

"Emi."

Il attendit qu'elle se retourne et regarde dans sa direction.

"Judith l'a chopée. Elle est brûlante."

Il se leva et commença à ressembler les affaires, pour lui faire clairement comprendre la suite des événements.

"J'peux rien faire de plus pour toi, Em', tu comprends ça ? Mais j'peux encore faire quelque chose pour elle."

Il chargea un sac dans son dos, et le porte-bébé devant lui.

"Tu vas rester ici, et attendre Michonne", déclara-t-il. "Elle va venir."

Elle avait entendu du mouvement devant elle. Mais elle n'avait pas bronché. D'un coup, Merle prononça à voix haute, sur de lui : "Emi.". Elle tourna alors sa tête vers lui. Son cœur avait fait un bon dans sa poitrine et il fut déchiré quand il lui annonça que Judith était malade. Qu'il ne pouvait plus rien pour elle. Mais que pour Judith, il pouvait avoir des chances... Elle plaça sa tête haute, de façon à ne pas craquer devant lui. Lui montrer que pour une fois, elle ne criera pas et ne pleurera pas.

"Oui, je comprends. Je reste ici. Je vais attendre le retour de Michonne et me battre."

Merle ne broncha pas. Il continuait à mettre des affaires dans un sac.
Emi retarda son regard sur le visage de Judith.
Merle posa sur la commode d'Emi une arme.
Elle le regarda, les yeux humides à cause des larmes qu'elle avait versées. Elle hocha légérement la tête.
Avant que Merle n'ouvre la porte, elle s'éclaircissa la voix pour lui dire :

"Fait attention à toi. J't'aime bien comme gars. Même si tu es... Merle quoi. Mais je n'aimerais pas vraiment qu'il t'arrive un truc. Je veux dire, je ne pleurerai pas mais je me sentirai mal... Un peu, pas beaucoup. Mais fait attention à toi."

Emi regretta aussitôt ses paroles. Pourquoi avait-elle dit ça ? Elle se mordit la langue. Elle se sentait tellement débile.
Bon.
Elle est malade, elle se dit qu'elle pourrait mettre ça sur le compte de la fièvre.
Elle se recouvra de sa couverture et se tourna face à la fenêtre.

Et si Michonne ne revenait pas ? Que deviendrait-elle ?
Elle ferma les yeux, ne voulant penser à cette possibilité. En même temps, c'était probable. Elle n'était qu'un boulet.

Matt traversa l'esprit de la jeune Emi. Elle savait qu'il était encore vivant. Elle le sentait dans ses tripes, au plus profond d'elle. Mais elle ne savait pas avec ou même où il est.
Il s'imaginait avec toutes les personnes du groupe. D'un coup, elle passa à Sina. Elle grimaça fortement. Elle ne supporterait pas que cette... Sina soit avec son frère, à ELLE !
Elle soupira et se retourna de l'autre sens.
Sina... Même si elle la détestait, elle espérait qu'elle allait bien. Au plus profond d'elle, elle espérait que tout le monde allait bien.

Judith se mit à pleurer lorsqu'il la souleva et l'installa dans le harnais.
Merle grimaça. Il n'avait vraiment pas besoin de ça maintenant.

"Chut... chut... pleure pas, on va juste faire une balade..."

Il avait remarqué qu'elle avait tendance à rester plutôt calme quand la personne qui la portait était en train de marcher. Ce qui tombait plutôt bien, vu la route qu'il avait à faire à pieds.
Il fouilla dans les affaires qu'ils avaient ramenées du centre commercial et y trouva un petit animal en tissu qu'il lui tendit.
Judith s'en fourra un morceau dans la bouche et cessa de pleurer.

Merle vérifia une dernière fois les sangles du porte-bébé et s'assura que le sac à dos était bien calé sur ses épaules.
Il hésita un instant, prit son revolver et les quelques munitions qui lui restaient dans les poches, et le posa à côté d'Emi.
Leurs regards se croisèrent. Il se contenta de hocher la tête.

Alors qu'il se dirigeait vers la porte, il entendit la jeune fille lui parler.

"Fais attention à toi. J't'aime bien comme gars. Même si tu es... Merle quoi. Mais je n'aimerais pas vraiment qu'il t'arrive un truc. Je veux dire, je ne pleurerai pas mais je me sentirai mal... Un peu, pas beaucoup. Mais fais attention à toi."

Merle se retourna à moitié et lui lança un petit sourire.
Emi la froussarde était-elle en train de devenir finalement brave ? Peut-être bien.

"J'fais toujours attention à moi", rétorqua-t-il, juste avant de refermer la porte derrière lui.

Les zombis réussiraient peut-être à entrer dans la maison, mais pas dans cette pièce-là.
Les rôdeurs n'étaient pas plus forts que les vivants, c'était leur nombre et leur acharnement qui leur permettaient de venir à bout des obstacles.
Plus il y avait de surface, plus ils pouvaient s'entasser et pousser en nombre.
Ainsi, face à eux, un grillage était très fragile, une vitrine ne tarderait pas à céder, mais une porte toute simple, par contre, pouvait les arrêter, car ils ne pouvaient pas la forcer à plus de deux ou trois de front.

Il ferma à clef et balança cette dernière loin de la porte.
Michonne saurait se débrouiller pour l'ouvrir.
En lançant la clé, il fut soudain parcouru par un grand frisson, qui le traversa de la tête jusqu’aux pieds.
Il était en train de faire exactement ce que les autres lui avaient fait, ce jour-là, à Atlanta.
Peu importait que la raison le poussant à agir soit parfaitement justifiée, c’était bel et bien ce qu’il faisait.
Laisser Emi toute seule.
L’abandonner.

Merle eut un mouvement agacé de la main, comme pour chasser ces pensées loin de lui.
Ce n'était pas le moment de cogiter.
Agis, tu réfléchiras plus tard, se dit-il.

Il avait repéré une chambre d'enfants à l'étage, il y trouva des gros pastels colorés, et se servit de l'un d'eux pour laisser un message sur la porte de la pièce où se trouvait Emi.

Il écrivit en gros MICHONNE

Puis dessous :
JUDITH MALADE
EMI LA-DEDANS
ENCORE VIVANTE
JE RETOURNE A LA PRISON / MEDICAMENTS POUR J.

Il hésita un peu.
Si ça avait été n'importe qui d'autre, il n'aurait rien ajouté.
Mais c'était Michonne.

Juste avant de s'en aller définitivement, il écrivit un peu plus bas, en plus petit :

BONNE CHANCE

Emi cherchait le sommeil qu'elle avait perdu après avoir dormir des heures et des heures. Elle soupirait car elle était tellement malade, que cela l'empêcher de dormir. Mais pas seulement. Elle avait vraiment soif. Elle manquait de salive et la toux grasse n'arranger pas vraiment les choses. Ça l'irrité encore plus. Donc, elle avait d'autant plus mal à la gorge. Elle se tournait pour finalement se retourner, comme les vagues d'une mer déchaînées. Ses yeux se reportèrent sur l'arme que Merle lui avait laissée. Que pouvait-elle signifier ?

"Si tu veux crever, colle-toi une balle de l'crâne Emi." Chuchota une voix dans sa tête.

Elle secoua la tête.

"Ou bien, c'est au cas où il y est des rôdeurs."

Elle souffla et se pris sa tête dans ses mains. Elle n'en pouvait plus, même les voix dans sa tête devenaient insupportables. Elle attrapa l'arme dans ses mains et la caressa.

"Tu vas me sauver des rôdeurs ? Ou tu vas me sauver de moi ?"

Elle le regarda longuement.

"Désolée Matt..."

Elle enfonça l'arme à feu au plus profond de sa bouche et caressa doucement la détente.

"T'apitoyer sur ton sort, ça va pas t'aider.
Chialer, ça va pas t'aider."

Les paroles de Merle repassaient en boucle dans sa tête... Elle ferma les yeux encore plus forts, laissant couler des larmes.

"Va t'faire voir Merle."

Même si les mots sortaient difficilement, elle devait les prononcés. D'un coup, elle appuya sur la détente. Rien ne se produisit. Elle le refit plusieurs fois. Rien non plus. Elle s'énerva, dégagea l'arme et frappa de partout.

"Mais tu vas marcher oui ?!" Hurla-t-elle.

Elle le jeta très fort contre la porte.

"Toi aussi, va t'faire voir."

Se débarrasser de deux charognes était un jeu d'enfant.
Le faire sans secouer sa petite passagère, par contre, c'était une autre paire de manches.
Heureusement qu'avec l'expérience, il était devenu un expert dans le maniement de sa baïonnette. En deux coups souples et précis, il expédia les deux rôdeurs vite fait bien fait.

La voie était dégagée, Merle se mit en route d'un pas rapide, prenant la direction de la prison.
C'était loin, et en y allant, il était bien conscient de ne pas suivre ses propres conseils de prudence (au mieux, la prison était remplie de rôdeurs, au pire, d'hommes du Gouverneur)... mais il préférait aller là où il était sûr de pouvoir trouver des médicaments efficaces, plutôt que d'errer au hasard à la recherche d'une pharmacie, qui aurait peut-être déjà été pillée.

"Tant pis, j'me démerderai bien là-bas."

Il avait parlé à voix haute, sans trop savoir s'il s'adressait à Judith ou à lui-même.

"J'improviserai. Nous autres, les Dixon, on est doué pour ça."

(suite dans un autre sujet)

Emi était en train de pleurer au moment où Michonne entra dans la chambre. Elle essuya rapidement ses larmes du revers de son bras et la fixa.
Michonne fixa Emi du même regard que d'habitude, un regard dur. Elle lui ramassa son pantalon et lui tendit. Emi l'attrapa et l'enfila maladroitement.

"Ca c'est bien passer de ton côté ? Je veux dire... Tu vas bien toi ? Tu as trouvé des trucs ? Tu as vu d'autres gens ?"

Emi savait que Michonne n'était pas prête à répondre encore. Elle n'avait pas vu Merle du coup, elle était énervée et ça Emi le comprenait. Et en plus de ne pas voir Merle, elle était obligée de se coltiner, SEULE, Emi Anderson, la chieuse de service.

"Merle est parti parce que la petite est malade. Étant donner qu'il ne peut rien pour moi, il a préféré partir pour sauver Judith. On y va nous aussi ?"

Emi regardait avec insistance Michonne. Elle se releva doucement en se tenant au lit. Michonne s'avança doucement et voulu l'aider. Mais elle lui fit signe de ne pas la toucher.

"Tu risques de tomber malade, je peux me débrouiller seule."

Elle s'avança jusqu'à la porte en s'aidant du lit et de la commode. Lorsqu'elle dut ouvrir la porte, elle fut prise d'une nausée et tangua en avant. Michonne s'avança encore derrière elle mais Emi la repoussa doucement.

"Reste loin de moi."

Elle ouvrit la porte et s'avança dans le couloir. Lorsqu'Emi rencontra l'escalier, un frisson lui parcourut l'échine.

"Ça va l'faire..."

Elle attrapa la rampe et descendit pas à pas les escaliers. Elle se sentait vraiment fatiguée et pour elle, l'espace entre la chambre et le rez-de-chaussée lui parut plusieurs milliers de kilomètres. Elle chercha des yeux le sac de médicament et elle se tourna Michonne :

"Où est le sac ?"

Emi ne savait pas si elle devait exploser de rire ou pleurer.
Elle se demandait d'où sortait cette petite...
Le plus marrant était de voir la tête Michonne lorsque la petite avait pris son katana.
Elle savait qu'une petite comme celle-là n'était pas dangereuse.
Alors à bout de nerfs, et après plusieurs journées qu'Emi qualifiait de calvaire, elle explosa de rire pour son plus grand bien. Mais son fou rire ne dura que très peu longtemps lorsque Michonne la fusilla du regard. Elle emboita le pas et chercha la petite des yeux. Malheureusement, elle ne la trouva pas.
Emi se releva avec difficulté et remarqua que par terre se trouvait une poupée endommagée. Elle appartenait à la petite fille. Elle s'approcha alors de la porte et parla pour la jeune fille :

"Hey, j'ai ta petite poupée."

Silence. Personne ne répondit.

"Tu as laissé tomber ta poupée. Je suis très malade, tu ne voudrais quand même pas qu'elle tombe malade avec moi ? Il faudrait juste que tu me rendes le sac et à ce moment-là je te rendrais ta poupée."

Emi toussa légèrement. Elle faillit basculer en avant mais Michonne la rattrapa de nouveau. Emi se dégagea, la fusillant pour la première fois du regard. La petite ne répondait toujours pas aux appels.

"Tant pis pour toi, la poupée est à moi maintenant. On y va Michonne ? Maintenant qu'on a trouvé un SUPER trésor."

Dans le ciel, un énorme nuage de fumée noir se forme. Les oiseaux s'envolent à l'opposer de ce nuage. Il est là depuis plusieurs jours mais personne ne s'en est réellement rendu compte à cause des événements tragiques des derniers temps. Il s'approche de plus en plus des groupes de survivants.

C'est Emi qui s'étouffe de plus en plus à cause d'une petite pluie de braise et Michonne qui regarda tout autour d'elle et qui remarqua une fumée qui sortait des arbres.

Il était parvenu à sortir de ce brasier vivant. A peine sorti de la forêt qu'il s'écroula à genoux dans l'herbe tout en crachant ses poumons et manqua de s'étouffer. Il avait inhalé beaucoup de fumée mais pas au point d'en mourir pensa t-il. Il essuya de sa main un filet de bave qui s'échappait de sa bouche tout en levant la tête et vit deux femmes sur le perron d'une maison qui se dressait droit devant lui. Il s'aperçut enfin de compte qu'il s'agissait d'une ferme. Des grognements au loin se firent entendre derrière la propriété. Il rangea son marteau dans son jean et s'equipa de son fusil. Il décida d'aller à la rencontre des deux inconnues.
Je devrais me méfier mais elles n'ont pas l'air dangereuses.

- Un feu se propage dans toute la forêt et risque de toucher la ferme, vous devriez évacuer. Lança t-il.

Emi observa l'homme qui sortait de nuls parts. C'était tellement rare de trouver des gens, qu'Emi le prit d'abord pour un messie. Bon, la fièvre jouait quand même beaucoup.
Il était dans un sale état. Michonne n'était plus armée à cause de la jeune fille qui lui prit. C'était bizarre venant de Michonne, pourquoi elle a laissé une petite prendre son arme ? Elle devait surement pensée qu'elle ne ferait rien car elle était une enfant...
Michonne poussa alors Emi derrière elle.Emi en fut grandement étonnée. Pourquoi la pousser derrière pour la protéger ?
Elle regarda autour d'elle pour voir si la petite était toujours là. Elle était anxieuse. Elle voulait s'occuper de cette petite, ne pas la laisser seule. Elle n'avait pas à vivre dans ce monde...

"Oui, on doit..."

Emi ne put finir sa phrase. Elle s'effondra au sol et vomi tout ce qu'elle put. Elle paniqua encore plus lorsqu'elle vit du sang. Des larmes coulaient sur ses joues. Elle voulut se relever, mais elle savait qu'elle n'y arriverait pas seule. Michonne regardait toujours l'homme froidement.
Emi releva la tête vers cet homme.

"Michonne ? Je ne vais pas y arriver... Fuis."

Michonne hocha négativement la tête.
Emi baissa la tête et regarda vers l'escalier. Elle remarqua une petite chose bouger. Elle rampa vers là, s'effondrant de temps en temps...
La petite était là.
Elle lui prit violemment le bras, même si elle manquait de force.

Le feu s'approchait dangereusement et des rôdeurs émergeaient à l'orée du bois. L'état d'une des femmes l'inquiétait suite au sang qu'elle avait rejeté. Le temps jouait contre lui, il devait agir en vitesse.
J'ai pas le choix !

- Toi la ! Attrapes ça ! Dit t-il en lançant son arme à la dénommé Michonne.

Elle attrapa le fusil puis regarda l'homme les yeux écarquiller.

- S'il y a des personnes ou des affaires à l'intérieur, vas les chercher maintenant ! Je m'occupe de ton amie.

Elle ne posa aucune question et se rendit dans la maison en courant. Au moment ou il posa son genou au sol près de la jeune femme, il entendit un gémissement. Il s'aperçut qu'elle avait sa main accroché à quelque chose et quand il se baissa un peu plus, il tomba nez à nez avec une petite fille.

- Hey ! Qu'est ce que tu fais la ? Tu dois venir avec nous.

Il tendit sa main vers elle. La peur pouvait se lire sur son visage.

- Tu n'as pas à avoir peur, je suis la.

Les relations humaines n'a jamais été son fort, c'était peine perdue. Mais qu'elle fut sa surprise quand la main de la jeune fille se glissa dans la sienne. Elle lui avait finalement fait confiance. Il l'extirpa de sa cachette et s'étonna une fois sortis de la voir avec un katana aussi grand qu'elle. A cet instant, Michonne surgit de la maison en trombe avec un sac sur son épaule et prit le katana des mains de la jeune fille. Elle lança un regard furieux envers l'enfant mais ne prononça aucun mot. Il comprit que celui ci devait lui appartenir. Il porta son attention sur la jeune femme qui était étendue sur le sol.
Dans son état, elle ne pourra pas se déplacer d'elle même. Il décida de la prendre dans ses bras. Au même moment, un groupe de rôdeur se dirigeait vers eux dont un qui brûlait.

ON BOUGE ! Cria t-il.

D'un signe de la tête, il désigna le champs de maïs à Michonne et le groupe s'engouffra à travers.

Emi était drôlement impressionnée. Pour une fois, Michonne obéissait aux ordres d'un inconnu... Surtout après l'attaque du gouverneur.
L'homme prit Emi dans ses bras, et les pas de courses qu'ils faisaient lui donnait encore plus envie de vomir.
Elle se retenait alors. Le pauvre, elle n'allait pas lui vomir dessus pour leur première rencontre.
Michonne menait la course, suivit de la petite fille. Elle courrait drôlement vite, pour une enfant. Emi n'aurait jamais pu faire pareil...
Lorsqu'elle vit de la fumée noire vers eux, Emi enfouit son visage dans la chemise de l'homme. Elle sentait la transe, la fumée et les rôdeurs... Emi détourna alors la tête et toussa, crachant par la même occasion des glaires de sang.
Son état ne s'était pas arrangé. Elle était encore plus fiévreuse que lorsqu'elle était avec Merle.

Merle...

Elle se demandait s'il allait bien. S'il s'occupait correctement de la petite. Si pour celle-ci, rien n'était trop tard...
Michonne n'était pas là, Emi pleura donc à chaudes larmes, espérant tout de même ne pas alerter l'homme.
Elle pensait à Matt, à Sina, à Rick, à Carl, à Maggie, à Beth, à Daryl... À tout le monde. Même si elle n'appréciait pas forcement tout le monde, ils lui manquaient atrocement.

Le sang qu'elle avait encore recraché était préoccupant.
Tiens bon !  
Il ne savait pas si le feu allait se propager jusqu'au champ mais cela permettait au groupe de rester hors de vue des rôdeurs. Des larmes chaudes coulèrent sur son torse, et son regard se posa sur le visage de la jeune femme. Elle pleurait tout en essayant de le cacher.

-Je ne savais pas que je te faisais si peur.

Elle poussa un rire gêné puis du bout de ses doigts, essuya les larmes qui parsemaient son visage.

- Si le feu se répand dans ce champ, tu penses qu'on pourrait avoir du pop-corn ? Ironisa t-il dans un rictus.

C'était une blague futile mais un autre rire sortit de sa bouche. Cela le soulageait de voir son sourire étiré sur son visage.

- Tu peux m’appeler Wolf. Et toi, comment tu t'appelles ?

Lorsque le jeune homme effleura la joue d'Emi, elle sentit une onde de protection. Elle frissonna, priant pour ne pas se faire remarquer. Et elle rigolait aussi comme une idiote face à des blagues... Bizarres sur le coup.
Mais cet homme apportait bien plus que des rires à Emi. Elle se sentait en sécurité. Ce qui était étrange, parce qu'on ne sait plus sur qui ou quoi on va tomber. Mais il était -pour l'instant- la seule chose qui pouvait lui faire penser à son frère. Matt lui manquait atrocement, et elle avait presque un peu honte de sentir la protection et le bien-être auprès d'un autre. Elle n'avait jamais vraiment ressenti ça, parce que pour elle, la seule chose qui compte et qui comptait, c'est son frère.

"Tu peux m'appeler Wolf. Et toi, comment tu t'appelles ?"

Emi serra les lèvres. Elle tenta de trouver assez de salives pour pouvoir prononcé un mot, même ridicule, il le fallait.
Mais ce n'était seulement l'histoire de la salive. C'était ce qu'elle avait pensé de cet homme, un peu avant qu'il ne lui pose cette question.

"Em... Emi..."

Puis elle se recacha dans la chemise de Wolf. Comportement d'enfant, elle l'avouait. Mais elle était autant malade qu'intimidé.

Emi se sentit petit à petit sombrer dans le sommeil.
Ses paupières s'ouvraient et se refermaient, luttant pour les garder ouverts.

"Est-ce qu'on peut se stopper ? Quelques secondes ?..."

Elle n'en pouvait plus. Elle ne voulait plus tanguer. Elle avait encore plus mal au cœur. Elle était à bout de forces, elle ne voulait plus bouger.
Elle n'était qu'un poids, Michonne, Wolf et la petite iraient largement plus vite seuls.

- Est-ce qu'on peut se stopper ? Quelques secondes ? Demanda Emi.
- Bien sur. Arrêtez vous les filles, on fait une pause.

L'homme la posa délicatement sur les plants de maïs pliés sous leur pieds. Michonne suivi de la fillette les rejoignirent. Il passa sa main sur le front d'Emi, elle était brûlante.

- Le sac que t'as ramené, il y a des médicaments ?

Michonne acquiesça de la tête et donna le sac. Il y avait toutes sortes de choses. Antibiotique, compresse, kit de suture et deux bouteilles d'eau. L'homme en tendit une à Michonne.

- Partages avec la petite.

La gamine bu à grandes goulées puis donna la bouteille à Michonne.

- Tu t'y connais en medocs ?

Elle hocha de la tête un " non ". L'homme chercha déterminé à trouver un médicament pour Emi mais vu son état, ce n'était pas de l'aspirine qui allait la guérir.
Si seulement Sina était la ! Elle saurait quoi lui donner !
Son regard se stoppa net sur une boite de comprimé. Un souvenir remonta en lui. Il ouvrit la boite sans retenu, il ne savait pas si ça allait marcher mais il le fallait.

- Avales ça Emi.

Il glissa deux comprimés entre ses lèvres et lui versa une gorgée d'eau qu'elle avala avec difficulté.

- On n'est pas en sécurité ici, on doit reprendre la route.

La fillette prit la tête du groupe rattrapé très vite par Michonne.

- Dès qu'on aura trouvé un lieu sûr, tu pourras te reposer.

C'est avec la jeune femme dans ses bras qu'il reprit la route.