South Survivors

Relevez vous il est temps de survivre !

Commencement de notre groupe : Voilà maintenant deux jours que le gouverneur a pris d'assaut la prison, causant la mort de nos proches, dans un havre dit de paix, dorénavant détruit et envahit de rôdeur.
Vous vous retrouvez tout près de la prison, sans endroit fixe, partant en tournée pour retrouver vos amis dans la journée.

J'observai Michonne et Merle se disputaient pour choisir une direction. Je m'abstenais de tout commentaire, craignant d'énerver encore plus les survivants. Assise dans l'herbe humide, je berçai gentillement Judith pour la calmer. Je les regardai, tour à tour. Ils avaient l'air tellement ridicule. Merle et Michonne ne m'appréciaient guère, j'en étais certaine. Judith, elle était trop jeune pour penser... Moi, malheureusement, je n'étais pas comme Judith. Je pensais et mes pensées étaient négatives. Matt me manquait plus que tout au monde et je me retrouvais avec des personnes dont je n'ai jamais adressé la parole et qui, pour deux jours de compagnie ne m'inspirer que peu de confiance.

Je poussai sur mes mains pour me soulever et arrachai la carte de la main de Merle et cherchant des yeux un lieu qui pourrait nous être stratégique pour retrouver nos amis. Bien que je me sois fait injurer par Merle, je ne bronchais pas. Je leur indiquai alors une direction, qu'ils refusèrent pour repartir dans un débat interminable et agaçant.

En me retournant, j'aperçus une silhouette qui tituber non loin de nous. J'ai compris que c'était un rôdeur alors je me rapprochai de Michonne et Merle.

"On a de la compagnie."

Avais-je lancé froidement avant de rentrée dans la voiture trouvait sur le bord de la route, tenant toujours dans mes bras la petite Judith.

Pour une journée de merde, c'était vraiment une journée de merde.
Et c'était que le matin.

Et Merle soupçonnait fortement que ça ne ferait qu'empirer.

La petite n'arrêtait pas d'hurler depuis des heures.
Rick Tête-de-Con Grimes était un homme prévoyant. Depuis des mois, un sac d'urgence était prêt, au cas où il faudrait foutre le camp rapidement avec le bébé. Il y avait tout ce qu'il fallait dedans : du lait en poudre, des petits pots pour plus d'une semaine, des couches, des habits, et tous les trucs et les machins innombrables nécessaires à un bébé de six mois.
Une super idée, le sac de secours.
Ouais.
Super idée aussi de le stocker dans le bus.

Là, ils n'avaient absolument rien.
Rien pour la changer. Pas de biberon. Pas de lait. Pas d'habits propres.
Ils n'avaient même rien pour la porter, obligés de la tenir dans les bras sans arrêt.
Alors, oui, forcément, elle hurlait.
C'était difficile de lui en vouloir.
Ca faisait deux jours qu'on la mettait dans des bouts de tissu minables en guise de couches, qu'elle était obligée de dormir dans les bras (autant dire qu'elle n'avait presque pas dormi du tout) et que personne n'avait eu le temps de prendre réellement soin d'elle.

Et donc, elle hurlait presque tout le temps.
Actuellement, Merle la soupçonnait d'hurler parce qu'elle avait faim.
La veille au soir, ils étaient parvenus à dénicher une brique de soupe dans une baraque abandonnée et elle avait fait presque un vrai repas (froid, néanmoins).
Après, lorsqu'elle s'était endormie, ils avaient cru à un moment d'accalmie, et avaient espéré pouvoir passer la nuit dans la maison, histoire de se reposer un peu.
Manque de pot, leur pause avait tournée court.
Un tas de rôdeurs s'étaient ramenés et ils avaient dû filer.

Maintenant, le jour se levait, frais et humide, tout était trempé de rosée.
Ils avaient finalement réussi à trouver cette bagnole.
Sans essence.

Merle commençait à perdre le contrôle de ses nerfs.
D'ailleurs, ça se voyait : alors que lui et Michonne se côtoyaient habituellement sans quasi s'adresser la parole, dans une sorte de mépris mutuel et tacite, depuis deux jours, ils n'arrêtaient pas de s'engueuler.
Encore une fois, le ton venait de monter, à propos de la direction à suivre.
La Jumelle avait tenté de s'en mêler, en vain.

Parmi les trucs innombrables qui rendaient Merle irritable, il y avait :avoir la dalle, manquer de sommeil, être inquiet et que les choses ne se passent pas comme il voulait.

Et ben là, il avait les quatre en même temps.
Il n'avait ni mangé ni dormi depuis plus de 24h, rien ne se passait correctement... et surtout, surtout, il était inquiet.
Très inquiet.

Il ne savait pas où était son frère. Il ne savait pas s'il allait bien.
Il ne savait pas comment allaient les autres, ni comment il allait bien pouvoir les retrouver.
Il ne savait pas où aller. Ni quoi faire.

Et surtout, il était inquiet parce qu'il sentait le poids de la responsabilité sur ses épaules.
Et c'était un poids inhabituel et affreux.
A chaque fois que ses yeux se posaient sur Judith, il le sentait.

Putain de merde, dieu sait si Rick Grimes était un connard, Dieu sait s'il le haïssait, Dieu sait s'il aurait été ravi de le voir crever au cours de son affrontement contre le Gouverneur.
Mais peu importe qui était son père, Judith, c'était un bébé, bordel !

Et lui, c'était un adulte.
Alors, il en était responsable.

Il entendit soudain la Jumelle intervenir.

"On a de la compagnie"

Et merde.

Merle soupira lourdement et jeta un coup d'oeil à Michonne.

"C'est bon, j'm'en occupe" annonça-t-il d'un ton las.

Heureusement, y'avait l'air d'un avoir qu'un seul, ça allait.
Il se porta à sa rencontre et lui planta la baïonnette de sa prothèse pile entre les deux yeux.

Après quoi il se retourna vers ses deux compagnes d'infortune.

Michonne lançait à la ronde des regards de bête sauvage. Il commençait à bien la connaitre : quand elle avait ces yeux-là, ça signifiait qu'elle était à bout de nerfs.
La Jumelle - non, rectifia-t-il mentalement, Emi, c'était Emi son nom - avait des cernes atroces sous les yeux, et elle avait l'air exténué. C'était elle qui portait Judith depuis deux jours d'affilée et qui s'efforçait de la calmer quand elle pleurait. Elle devait avoir le dos et les bras en compote et frôler la crise de nerfs elle aussi.
Et lui ?
Lui... il était crevé.
Physiquement, moralement. Crevé.

Mais c'était pas le moment de se reposer. Pas encore.

"Bon... les filles. Faut qu'on s'bouge."

Merle s'approcha doucement de Judith et moi. Je soulevai ma tête et le fixai dans les yeux.

"Bon... Les filles. Faut qu'on s'bouge."

La réflexion de Merle était tellement intelligente ! Je me demande s'il a eu bac plus huit pour cette remarque qui frôle le génie. Bon, j'ironise. Merle est un crétin. Il est le premier à vouloir partir, mais le dernier à agir.

"Bonne remarque, Merle, je te félicite. Maintenant, il faudrait peut-être réagir ? Trouver de quoi démarrer la voiture ?"

Mes mots étaient partis tellement vite que je n'eus même pas le temps de me retenir. Je ne savais pas comment il allait réagir, surement mal vu comment il était devenu rouge. Michonne s'était simplement placé devant moi, me chuchotant de me la fermer parce que je ne servais pas vraiment à grand chose...
Moi ? Je ne sers à pas grand chose ? C'est la meilleure. J'imagine mal Merle, la grosse brute, tenir en mains deux secondes la petite. Ils seront bien contents quand ils seront blessés avec leurs armes de malades mentaux que j'ai été pompier urgentiste. Ingrats.

A ces mots, Merle sentit enfler en lui une immédiate bouffée de colère.

Cette fille... non, bordel, cette gamine, qu'avait même pas la moitié de son âge si ça se trouve, pour qui est-ce qu'elle se prenait ?

Il pouvait lire sur sa figure comme dans un livre ouvert écrit en très gros caractères. C'était pas difficile : des centaines de personnes l'avaient regardé exactement de la même façon au cours de sa vie.

Elle le prenait pour un con.

Démarrer la voiture ?

"Ah oui ?! hurla-t-il, laissant exploser sa rage.
Mais vas-y, miss, te fais pas prier, indique-moi la station d'essence la plus proche !"

Il ouvrit les bras théâtralement, désignant la route déserte et la forêt dense qui la bordait des deux côtés.

"Je m'ferai un plaisir d'aller y chercher tout l'carburant qu'y faudra ! J'te ramène même des chips si tu veux !"

A crier aussi fort, il avait de bonnes chances d'attirer d'autres rôdeurs. Mais il était trop énervé pour en avoir quoi que ce soit à foutre.

"Vas-y ma poule, j'suis tout ouïe !"

Oh oui, elle le prenait vraiment, vraiment pour un gros con.

Mais, après tout, c'était bien ce qu'il était, non ?
Oh oui, c'était une belle connerie qui l'avait mené là.
Champion du monde des abrutis.

Il ne savait pas ce qui l'avait pris, ce jour-là, ce fameux jour où la prison était tombée.

Est-ce que c'était le fait de perdre cette chose qu'ils avaient mis tant de temps à bâtir ? De voir exploser ce groupe qu'il avait eu tant de mal à intégrer. Ses efforts pour jouer le jeu, pour pas faire de vagues, pour cohabiter avec toutes ces têtes de cons ?
Est-ce que c'était la fureur de voir à nouveau ce salopard de Gouverneur, l'homme qu'il aurait voulu par dessus tout tuer, de le voir en train de respirer à portée de son flingue et de ne rien pouvoir faire ?
Est-ce que c'était la peine et le sentiment de révolte d'avoir vu mourir décapité sous ses yeux une des rares personnes du groupe qu'il respectait ? Hershel, un des seuls qui lui avait jamais parlé comme à un type normal ?

Est-ce que c'était le mélange de tout ça qui l'avait fait perdre les pédales ?
Il ne le saurait jamais.

Tout ce qu'il savait, c'est que d'un seul coup, tout était devenu totalement confus et précipité.
Ca s'était mis à tirer de tous les côtés, et il était clair, à cet instant, que la prison était perdue.
Merle n'avait même pas réfléchi, il avait couru dans la direction où Daryl se trouvait, de l'autre côté de la cour.
Il était passé à côté du siège bébé et son regard avait cueilli à la volée l'image de cet objet vide, couvert de sang.
Il l'avait alors senti dans ses tripes. Le choc.
Même elle, même Judith...

Et puis c'est là qu'il avait vu Emi, plaquée contre un mur, terrifiée, sa hache à la main, en train de crier le nom de son frère désespérément.
Et elle tenait le bébé dans ses bras.

Ouais, il avait été complètement con, sur ce coup-là.
Au lieu de courir vers Daryl, il avait couru vers elle.
Il l'avait empoignée par le bras et l'avait poussée de force devant lui en lui hurlant d'avancer.
Et ils étaient sortis comme ça, de leur côté, sans Daryl. Lui, la Jumelle, et la petite en train de pleurer.
Alors qu'ils s'enfonçaient sous le couvert des arbres, Michonne les avait rejoint.
Son sabre était couvert de sang.
Lorsqu'elle lui eut dit à qui il appartenait, ça avait été l'unique bon moment de la journée.

Merle était sur le point de hurler à nouveau sur Emi, mais il vit le regard réprobateur dont Michonne le fusillait.
Et la petite était de nouveau en train de pleurer.

Il se reprit in extremis et, au lieu du flot de grossièretés qu'il s'apprêtait à proférer, il ferma les yeux et se força à prendre une longue et profonde respiration.

S'énerver n'allait pas les aider.
Se disputer n'allait pas les aider.
Se mettre à hurler comme un porc qu'on égorge n'allait absolument pas les aider du tout.

"C'est pas la peine de compter sur la voiture, reprit-il plus calmement. On trouvera pas d'essence dans l'coin, et même si on en avait, ça m'étonnerait qu'elle démarre. C'genre de modèles récents, c'est d'la merde, un an sans démarrer, la batterie est morte."

Il désigna Judith du bout de la baïonnette.

"Calme-la et on repart. Faut suivre la route. Y a qu'ça à faire. En suivant une route on finit toujours par arriver que'que part. Tôt ou tard."

Mais personnellement, il espérait que ce soit tôt.

Je n'avais pas bronché depuis les propos violents de Merle. J'ai été aussi débile que lui. Pourquoi l'avais-je provoqué alors que sans lui, je serais déjà morte ? Enfin, ce qui était dit, était dit. J'étais encore chargé de la petite, Michonne avançait à grandes enjambées avec Merle devant, moi je traînais un peu, devenant, de plus, en plus gaga de Judith. C'est vrai, c'était un petit rayon de soleil, quand je suis arrivée dans la prison avec Matt, et que j'ai vu débarquer la petite dans les bras de son père, j'avais eu une envie soudaine de pleurer. De joie. C'était tellement merveilleux de voir un enfant. Je n'ai jamais eu l'occasion d'en avoir. Je n'ai jamais eu de véritables petits amis, car se n'était pas mon but premier. De toute manière, ils fuyaient tous. D'une part de la faute de mon frère et de l'autre, la mienne...
Merle marmonna encore des injures, me dépêchant de bouger mes fesses. De ce fait, j'ai dû accéléré mes mouvements.
Michonne tuait deux trois rôdeurs, par-ci, par-là, qui faisait surement maronner Merle qui devait laisser sa fierté d'homme très loin.
Secrètement, j'admirai Michonne. Elle avait un mental d'acier, que j'enviais. C'est vrai, depuis le début de mon arrivée dans le groupe, je n'avais pas fait grand chose hormis suivre mon frère. Par contre, quand je voyais Michonne rentrait sur son cheval, intacte, je me demandais comment elle y arrivait.
Dans mon ancienne vie, je n'étais pas non-plus très sportive. Je ne crains en aucun cas la vue du sang, j'ai vu énormément d'horreur dans ma carrière, mais la différence entre ici et maintenant était que je sauvais et non pas tuais des gens.

Merle s'était approché de moi, j'avais compris que nous allions passer près d'une autoroute, surement infestée de rôdeur.
Un peu plus tard, nous étions toujours sur l'autoroute, faisant bien attention au rôdeur, regardant de temps à autre si les voitures avaient des clefs et du carburant. Bien évidemment, non, bien sûr, c'était bien trop beau pour que quelqu'un nous fasse plaisir. N'est-ce pas Dame Nature qui a déconné avec les humains ?
Un rôdeur s'approcha de Merle, je me réfugiai derrière sa grosse carrure, serrant un peu plus fort Judith. Puis un autre arriva et ainsi de suite... Jusqu'à ce qu'on se retrouve encerclé, n'entendant que leurs grognements incessants. Merle et Michonne s'étaient positionnés près de moi, quand d'un coup Merle me prit par le bras et me fourra de force dans une voiture.
Judith se mit à pleurer de plus belle, pendant que Merle et Michonne étaient en proie à de nouveaux rôdeurs... S'épuisant de plus en plus, je ne savais comment réagir.
D'un coup, un rôdeur s'approcha dangereusement de Merle. Je sortis d'une traite de la voiture et donnai plusieurs coups avant qu'il ne puisse s'effondre. D'un coup, Merle se retourna et me vit, le visage, les mains et le corps couvert de sang.

Merle n'arrivait même plus à tenir le compte des morts-vivants qu'il avait envoyé au tapis.
Il se concentrait sur le combat, ce qui devenait de plus en plus difficile à mesure qu'arrivaient de nouveaux adversaires.
Du coin de l’œil, il pouvait voir Michonne se déchainer de son côté, tornade sombre virevoltante, traçant un sillon de sang noir partout où sa lame passait, dans une danse du sabre à la fois belle et terrible.
Il fallait bien admettre une chose : voir cette femme se battre était un spectacle dont il ne se lasserait jamais. C'était comme voir une bête sauvage, un prédateur à l’œuvre. Chacun de ses gestes était parfait. Précis. Efficace. Elle ne faisait pas le moindre mouvement superflu.
Ceci dit, l'heure n'était pas à la contemplation, malheureusement, et Merle avait trop à faire de son côté pour regarder sa partenaire danser.

Et dire qu'il s'était imaginé qu'atteindre l'autoroute était une bonne chose.
C'était peut-être bien sa pire idée depuis longtemps.
Voilà qu'il étaient bloqués entre les bagnoles, avec la petite qui hurlait à nouveau, histoire de bien annoncer l'heure du repas à tout le monde.
Se retrouver encerclés, c'était la pire situation possible.

"Faut qu'on s'sorte de là !" cria-t-il à l'intention de Michonne.

Cette dernière lui adressa brièvement un regard excédé.

"Et par où ?" rétorqua-t-elle.

Il devait bien admettre qu'il n'avait pas de réponse.
Il commençait à être vraiment épuisé. A force de distribuer des coups de lame, son bras était à la torture. Mais il ne voulait pas sortir son flingue. D'abord, parce qu'il lui restait trop peu de munitions pour rendre l'initiative vraiment utile, et surtout parce que les coups de feu n'allaient servir qu'à attirer plus de rôdeurs.

La fatigue le faisait ralentir, il le sentait.
Ainsi, il ne vit pas le zombis arriver dans son dos, trop occuper à en transpercer un autre devant lui.

Il entendit soudain des cris d'effort et des bruits de coups derrière lui.
Se retournant, il se trouva nez à nez avec Emi, un rôdeur à ses pieds, sa hache en main. Le sang avait giclé partout, jusque sur sa figure.

Bordel.
Elle venait de lui sauver la mise.
A lui.

"Qu'est-ce que tu branles abrutie ?! lui hurla-t-il. "Reste pas dans mes pattes, putain !"

Il la repoussa brutalement vers la voiture.

"Prends la p'tite !" ordonna-t-il.

"Michonne !"
Il désigna un espace vers la droite, légèrement moins infesté qu'ailleurs.
Ce serait peut-être leur seule chance de s'en sortir, ou peut-être une façon stupide de crever, mais dans les deux cas ils ne pouvaient pas rester ici encerclés, ils devaient tenter une percée.
"Vas-y, j'te couvre !"
Il sortit son colt de son holster.
Il fallait tenter le tout pour le tout.

Alors que que Michonne s'élançait, Merle se retourna vers Emi.
"Passe devant, j'te suis !"

"Passe devant, j'te suis !"

J'avais pris mon courage à deux mains, affrontant mes peurs qui s'imposer devant moi. Je hochai simplement la tête, serra un peu plus fort Judith dans mes bras et soupira profondément, avant de me jeter sur ses affamés, une pensée, celle de mon frère me prit de court... Je fronçai alors les sourcils, et courrai en direction de Michonne, me sentant indestructible, plus forte que tout.
Maintenant, tout aller changer. J'allais devenir une nouvelle Emi.
Michonne me criait de me dépêcher, pendant que je cherchais du regard Merle qui avait "disparu" sous tout les morfales. Finalement, toujours avec "grâce" et "bonté", il sortit en courant, m'attrapa violemment par le bras, s'aventurant dans un sentier.

Un peu plus loin, Merle avait repéré une vieille voiture, il se mit à chercher un défaut, pendant que je sautillai sur moi-même pour calmer Judith. Michonne s'approcha de moi et regarda Judith. Je ne savais comment réagir... Alors je lui proposai de tenir la petite, un petit instant le temps que je me dégourdisse les jambes. Elle l'avait alors tenir quelques instants, la tenant à une certaine distance d'elle pendant que Merle bidouillait des fils sur la voiture. D'un coup, le moteur ronronna et Michonne me rendit la petite et grimpa dans la voiture, à l'avant, laissant place à Merle le côté conducteur ainsi que Judith et moi à l'arrière.

Le chemin en voiture se fit silencieux, Judith dormait paisiblement, Michonne regardait par la fenêtre et Merle conduisait sans broncher...

"Et si on s'approchait plus de la prison, et qu'on cherche plus dans ce périmètre, voir même Woodbery, peut être que là on pourrait avoir une chance de les retrouver ?.."

"Mmmmh..."

Merle marmonna pensivement, pesant le pour et le contre.

"C'bâtard de Gouverneur d'mes burnes est mort, mais ça veut pas dire qu'ses gars ont renoncé à installer leurs culs à la prison. J'sais pas combien ils sont, mais à mon avis 'sont plus que trois, et ils auront pas manqué d'se servir dans not'armurerie. J'ai pas très envie d'tomber sur ce genre de comité d'accueil."

Restait l'autre possibilité que la jeune fille venait d'évoquer.

"Woodbury..."

Il secoua la tête négativement.

"On trouvera rien là-bas. C'est l'endroit qu'on a vidé en premier quand Rick a formé des équipes de ravitaillement. On a ratissé toute la ville, moi, Daryl, Ty et Carol. Y a plus une boite de sardine qui traine, quand on fait un raid moi et l'frangin, on l'fait pas à moitié.
Et y a jamais eu d'trucs pour bébé à Woodbury."

Il jeta un regard au rétroviseur, dans lequel il aperçut Judith. C'était un soulagement de la voir enfin endormie.
Mais ça n'allait pas durer.
Et quand elle se réveillerait, elle aurait faim, et sans doute à nouveau besoin d'être changée.

Merle devait se rendre à l'évidence.
La priorité, c'était pas de retrouver Daryl et les autres. Ca ça devrait passer au second plan.
Il fallait d'abord s'occuper de la petite, lui dénicher de quoi manger correctement, et tout le merdier qui allait avec, les biberons, les couches, des habits qui soient pas couverts de sang et de merde, et un foutu porte-bébé pour la trimballer.

"Y a un endroit où on pourrait aller, pour trouver d'quoi bouffer et des trucs pour la naine",annonça-t-il.

"C'est un centre commercial, à l'est de Woodbury. J'y suis allé avec mes gars à l'époque, y a un grand supermarché et des tas d'magasins. On les avait pas tous fait, y d'vrait rester des trucs si personne est passé entre temps."

Il considéra l'indicateur de la jauge de carburant sur le tableau de bord.

"On d'vrait avoir assez d'essence pour aller jusque là. Mais pas beaucoup plus."

Il se tourna vers Michonne.

"T'en dis quoi, Samourai ? On s'fait une virée shopping ?"

Michonne grogna quelques choses, que Merle et moi avons pris ça comme un oui. Alors Merle fit demi-tour pour aller au centre commercial.
D'un coup, Judith ouvra les yeux. Je lui caressai ses petites joues potelées. J'espérai que Merle ne me regardait pas à ce moment-là, de toute manière, pourquoi il me regarderait ?

J'étais une "gamine", ne sachant se battre. Pourtant, j'aimerais être le contraire, me battre comme ils se battaient tous lors de l'attaque du gouverneur. Mais la seule chose que j'ai faite, ça a été de courir chercher le plus d'enfants, me cachant, regardant mes amis mourir... Merle m'avait traîné de force avec lui dehors.

Je savais qu'en faisant équipe avec Merle et Michonne, ça aller être très dur. Alors j'avais décidé de faire un maximum d'efforts. Je n'ai plus envie d'être la petite idiote qui garde dans ses bras la petite, suivant et se cachant derrière Merle la grosse brute.
Mais je ne m'y connaissais en rien en matière de combat ou autre... Et je n'osai même pas en parler avec Merle ou Michonne, ils me prendront encore plus pour une débile.
Finalement, je m'éclaircissais la gorge :

"Peut-être qu'il faudrait que je me trouve une autre arme..."

Merle leva ses yeux vers le rétroviseur, me regarda, mais je ne bronchai pas. D'un coup, la voiture s'arrêta. Michonne et Merle étaient descendus en même temps, tandis que je regardai une dernière fois Judith et lui embrassai son petit nez. Une fois sorti, Merle me tendit une arme. C'était beaucoup plus lourd que je ne le pensais.

"Ca va être un peu dure de me battre avec Judith dans les bras.
- On te trouvera porte bébé, en attendant tu nous suis et tu ne te sers pas de ton arme, tu vas faire des catastrophes." Repondit sèchement Michonne.

Puis, elle fit un premier pas vers le centre commercial, dégainant son katana et tua des rôdeurs, sous l'œil presque émerveillé de Merle.

Merle était franchement étonné de la réaction de la Jumelle. Elle réclamait une arme ? Elle comptait se battre ? Pour quoi faire ?
Son intervention un peu plus tôt, lorsqu'elle lui avait sauvé la mise, avait déjà été une surprise, mais il avait mis ça sur le compte de l'adrénaline et de la situation exceptionnelle.
Pourtant, il semblait bien qu'Emi avait réellement l'intention de combattre, finalement.

C'était inattendu, ça.
Elle aurait pu se contenter de rester planquée derrière lui ou Michonne, comme elle le faisait depuis deux jours... pourquoi avait-elle changé d'avis ?
La réponse lui arriva toute seule, en forme de prise de conscience.
Ça faisait deux jours que lui et Michonne lui répétaient sur tous les tons qu'elle était inutile, qu'elle était un boulet qu'ils se trainaient.

Évidemment, c'étaient des conneries.
Qu'est-ce qu'ils auraient fait, sans elle, avec le bébé ?
Entre lui qui n'avait qu'une seule main à disposition, et le Dernier Samouraï qui avait de toute évidence un sérieux problème avec les bébés (il n'était pas aveugle, il avait bien vu comment elle regardait la petite, et comment elle l'avait tenue dans ses bras plus tôt, le plus loin possible d'elle), ils auraient été sacrément dans la merde s'il s'était agi de s'en occuper seuls.

Michonne venait de tuer les quelques rôdeurs hantant le parking.
Elle attendait maintenant devant la porte, silencieuse.

"Emi..."

La brune se tourna vers lui, étonnée.
Merle se rendit alors compte que c'était la première fois qu'il l'appelait par son vrai prénom. Jusqu'ici, ça avait toujours été "la Jumelle", "Gamine", ou bien "hey toi".

"Si t'avais eu une arme, là-bas à la prison, si t'avais été en train d'te battre comme on l'faisait tous..."
Il désigna Judith du doigt.
"... elle s'rait morte."

Il se racla un peu la gorge, mal à l'aise.
Il n'avait pas l'habitude de parler comme ça. Sans sarcasme, sans agressivité. Ça sonnait bizarrement.
Comme si ce n'était pas lui.
Mais il y avait des trucs que cette gamine avait besoin d'entendre, et c'était certainement pas Michonne qui allait le lui dire.

"Tu sais, Hershel..."
Il s'arrêta soudain. Il n'aurait pas cru que prononcer ce prénom lui ferait aussi mal.
"Ils disait pas qu'des conneries. Il en disait même pas souvent. C'qu'y disait souvent, par contre, c'est qu'on a tous un truc à faire. Un rôle à jouer. Tu vois ?"

Il décida de ne pas en dire plus. C'était déjà beaucoup.
Si elle était pas complétement conne, elle comprendrait.

"Alors tu m'colles au train, tu lâches pas la p'tite, et tu t'occupes de rien d'autre", acheva-t-il en lui tournant le dos, se dirigeant vers la porte du centre commercial.

Quand Merle avait prononcé mon prénom pour la première fois, j'en étais presque fière. Même si pour Merle, cela ne devait rien signifier, pour moi, c'était quelques choses d'énorme. Ce n'est pas tous les jours agréables de l'entendre m'interpeller par des trucs du genre "La Jumelle", "Gamine", "Hey toi", "Bonne à rien", et j'en saute !
Et quelque chose qui me remit aussi une grande forme, était le fait que Merle, cette grosse brute asociale me dire que je servais quand même à quelque chose. Que j'avais sauvé Judith.

"Alors tu m'colles au train, tu lâches pas la p'tite, et tu t'occupes de rien d'autre"

Je me devais de faire ce qu'il disait. Même si j'aimerai me rendre un peu plus utile que ça... En attendant, j'aurais voulu le remercier, mais malheureusement, il tourna le dos et se dirigea vers la porte du centre commercial.
Il faisait vraiment noir dans ce centre commercial, j'en avais presque la frousse. Enfin non. J'avais peur. Non seulement parce qu'il faisait noir, que si je perdais Merle, c'était fini pour moi et que si Judith se mettait à hurler, tous les rôdeurs se ramèneraient.
À ce moment précis, j'avais envie de tenir le t-shirt de Merle. Mais je savais que, à ce moment précis, où je ferai ce geste déplacer, il me hurlerait dessus et là, ça ne sera pas Judith qui ramènerait tous les rôdeurs, mais le démon prénommait Merle.
Alors, je m'abstiendrai.
Finalement, c'est lui qui me prit par le bras. Toujours avec délicatesse et raffinement, on voit que Merle sait si faire avec les hommes. Heureusement qu'il ne sait pas lire dans les pensées.

"Merle, viens voir, j'ai trouvé des trucs pour la p'tite." Lança Michonne.

Merle me lâcha le bras et se dirigea vers Michonne. Elle me lança au visage un porte-bébé. Je plaçai Judith dans les bras de Michonne qui grimaça. J'enfilai à toute allure le porte-bébé et plaçai Judith à l'intérieur, Michonne me balançant presque Judith dans les bras. Je soupirai alors et continuai la visite du magasin d'enfant. Michonne et Merle attrapaient le plus possible de nourriture pour bébé. Tandis que moi, je me baladais entre les rayons quand je vis un magnifique ours en peluche. Je le pris et derrière l'étalage où se trouver l'ours en peluche, un rôdeur me montra ses dents. Je ne devais pas crier. Je ne devais pas les appelés. Alors, d'un coup, je sortis l'arme que Merle m'avait filée. Mais je savais que le bruit les attirés... Alors, je devrais utiliser ma hache. Après une dizaine de coups, je pus enfin l'achevé. Faisant tomber le rôdeur dans un grand fracas sur une étagère qui bascula en arrière.

Merle avait récupéré un sac et était en train d'entasser des petits pots dedans. Passant au rayon suivant, il fut pris de vertige à la vue de tout ce qui s'étalait sous ses yeux : tétines, biberons, couverts, produits d'hygiène à gogo, des dizaines de modèles de couches différents, sans parler de tous les machins qu'il n'arrivait même pas à identifier.
Ils étaient vraiment censés prendre tout ça ?
Il fallait vraiment toutes ces merdes pour s'occuper d'un bébé ?

Il se maudit de ne pas s'y connaitre davantage sur le sujet.
Il n'avait jamais fait attention à la façon dont les autres prenaient soin de Judith à la prison, considérant que ça ne le concernait pas.
Sauf que maintenant, ça le concernait.
Il tentait désespérément de fouiller dans ses lointains souvenirs de Daryl bébé. Il avait pas autant de trucs, si ?

Qu'est-ce qui allait se passer s'ils omettaient de prendre des choses importantes dont Judith aurait vraiment besoin plus tard ?
Alors qu'il se creusait la cervelle, il vit Michonne le dépasser, et aller droit vers le rayonnage.
Sans hésiter, elle prit des articles tour à tour et les fourra dans son propre sac.
Visiblement, elle savait parfaitement ce dont un bébé avait besoin.

C'était une sacrée surprise, mais ce qui étonna encore davantage Merle, ce fut son attitude.
Elle choisissait les trucs très rapidement.
Mais ce n'était pas la façon de faire habituelle de Michonne, prompte et efficace.
Il aurait juré que cette fois-ci, sa vitesse trahissait plutôt de la nervosité.
Oui, c'était exactement ça.
Cette séance de shopping la foutait mal à l'aise, et elle voulait en finir au plus vite.

Voir sa partenaire agir comme ça confirma ce que Merle soupçonnait depuis un petit moment. Michonne avait vraiment un problème avec les bébés.

Il ouvrit la bouche, sur le point de la questionner franchement, histoire d'en avoir le cœur net, lorsque soudain, un bruit tonitruant derrière lui le fit se retourner d'un bloc.
Il courut en direction du bruit, lequel s'amplifia encore.

Le rayonnage était tombé sur un second, qui avait basculé à son tour, répandant son contenu sur le carrelage dans un immense fracas, lequel se répercuta dans tout le magasin, et à l'extérieur, dans le centre commercial jusqu'ici silencieux comme une tombe.

Devant ce désastre, Emi se tenait pétrifiée, sa hache en main, les yeux écarquillés.

Cette fois-ci, Merle ne parvint pas à contenir sa colère.

"Bordel, mais c'est quoi ton putain d'problème, foutue connasse ?!" hurla-t-il en l'attrapant par le bras, l'attirant brutalement à quelques centimètres de sa figure pour mieux la fusiller du regard.

"T'es sourde ou bien t'es mongolienne ? En quelle langue y'faut t'dire de rester près d'nous et de t'tenir tranquille ?"

Ce fut uniquement parce qu'elle portait le bébé directement contre elle qu'elle échappa à la baffe qui lui démangeait la main, et qu'il retint in extremis.

Michonne lui lança un regard furieux, visiblement peu contente de le voir ainsi hausser la voix.
Mais de toute façon qu'il crie ou pas n'allait rien changer maintenant, s'il y avait des rôdeurs dans un rayon de deux cent mètres, ils avaient tous entendu le bruit.

"On s'tire !" ordonna-t-il.

Il n'avait aucune envie de se battre à nouveau contre une horde. Pas aujourd'hui. Il était trop fatigué pour ça.

Raffermissant sa prise sur le bras d'Emi, il la traina de force à sa suite, sans s'occuper de savoir s'il lui faisait mal.

"Cette fois tu vas rester où j'te dis d'rester, salope !"

POV Michonne :

Cette gamine essayait de faire comme si elle pouvait être utile, mais elle était tout le contraire.
Elle nous ralentissait plus qu'autre chose, mais malheureusement, on ne pouvait pas la laisser là, sachant qu'elle est là pour tenir la petite.
Les instructions de Merle étaient bien claires : elle devait fermer sa gueule, lui coller au derrière et tenir la gosse.
Mais, têtue comme elle est, elle n'a rien fait de tout ça.
C'est juste une petite fille des grandes villes, n'étant en rien préparer.
Je me demande juste pourquoi elle craignait tout ça alors qu'avant l'épidémie, elle était pompier urgentiste.
J'avais entendu Emi parlait avec Hershel dès leur arrivé.

"Vous savez Hershel, avant j'étais pompier urgentiste et la seule chose que j'aimais dans ce métier, c'était sauvé des vies. Maintenant, je dois en retirer, et je ne me sens pas capable de ça."

De toute manière, de quoi était-elle capable ?
Maintenant, on doit quitter le centre commercial, sans avoir de nourriture pour nous. Cette fille est une catastrophe ambulante qui portait en plus de ça, une gosse aussi terrible avec des hurlements incessants.

Il l'enferma dans la voiture, et me tendit la carte. Je réfléchissais un petit moment pour lui montrer une petite route, surement déserte. Il hocha la tête et nous nous s'installons sur les sièges de la voiture. Emi avait les joues crasseuses, mais un "trait" sous les yeux presque propre. Elle avait pleuré.

Finalement, je fixai Merle qui se concentrer sur la route, jetant de temps à autre des coups d'œil sur la carte.

Ils continuèrent à rouler un long moment.
Merle ne voulait pas juste s'éloigner du centre commercial. Il leur fallait un endroit pour s'arrêter, un endroit sûr où se reposer un peu. C'était vital.

Il était toujours furieux après Emi pour sa bourde. Mais une petite voix lui soufflait que ce genre de maladresse ne serait peut-être pas arrivée si n'avaient pas été tous si épuisés, si nerveux.
Lui-même était à bout de nerfs. Il fallait qu'il dorme.

Et c'était pareil pour les autres. Michonne n'avait pas desserré les mâchoires depuis plus d'une heure, et il pouvait voir du coin de l’œil qu'elle luttait contre le sommeil, bercée par la conduite.
Quant à Emi, c'était peut-être une gosse stupide et inutile, mais d'habitude, elle ne chialait pas comme ça pour un rien.
Ouais, ils étaient tous à bout.
Il commençait même à avoir du mal à se concentrer sur la route. Ses yeux se fermaient tous seuls.

Quelques kilomètres plus loin, il aperçut un chemin de terre, avec une boite aux lettres. Il bifurqua dessus.
Au bout du chemin se trouvait une ferme, assez semblable à celle des Greene.
La maison était en bois, peinte en bleu et blanc.
Tout semblait désert.
Il arrêta la voiture devant le porche, et son regard croisa celui de Michonne.

"Intérieur ou extérieur ?" demanda-t-il simplement.

Ils avaient leur méthode bien rodée pour investir un nouvel endroit, l'un se chargeait de fouiller l'intérieur tandis que l'autre se chargeait de faire une ronde dans les environs.

"Extérieur", répondit Michonne laconiquement en ouvrant sa portière.

Merle se retourna vers Emi.

"J'vais jeter un oeil dans la baraque. Toi tu restes là. Si tu sors de cette bagnole je te casse les deux jambes."

Il entra prudemment dans la maison.
Un meuble à chaussures se trouvait dans le corridor, avec, dessus, un vase en porcelaine dans lequel se trouvait un bouquet de fleurs archi-sèches.
Merle s'en saisit et le balança contre le mur, où il explosa dans un bruit fracassant.
Le meilleur moyen de savoir si des rôdeurs se trouvaient quelque part, c'était encore de faire du boucan et d'attendre qu'ils rappliquent.
Il attendit un petit moment. Rien.

Il parcourut l'habitation méthodiquement, ouvrant chaque porte et scrutant l'intérieur de chaque pièce.
Dans l'une des chambres se trouvait un vieux couple, sur le lit. Tous deux avaient eu le crâne explosé, le mur au dessus d'eux était repeint de sang délavé par le temps.
L'arme de leur double suicide, un fusil, se trouvait encore entre les mains de l'homme.
Merle le prit, avant de sortir de la pièce, de donner un tour de clé, et de mettre cette dernière dans sa poche.

De retour à la voiture, il constata que Michonne n'était pas encore revenue, et qu'Emi n'avait pas bougé.

"C'est bon, tu peux v'nir", lui dit-il.
Il ouvrit le coffre et en sortit les sacs contenant les nouvelles affaires du bébé.
Il les déposa dans le salon.

"Démerde-toi avec ça. Change-la, fais-la bouffer, colle-la dans un lit et reste avec."

Il s'occupa de fermer tous les volets du rez-de-chaussée et de vérifier les serrures des portes de devant et de derrière.
Entretemps, Michonne était revenue de sa ronde, et lui avait signifié d'un petit hochement de tête que les environs étaient déserts.

"Repos jusqu'à demain, annonça-t-il. Vous avisez pas d'me réveiller, sauf si vous avez réellement une putain d'bonne raison pour ça."

Il monta les escalier avec l'impression que ses jambes pesaient un peu plus lourd à chaque marche.
Il entra dans la première chambre qu'il trouva, et se laissa tomber d'un bloc sur le lit.
Il s'endormit avant même de toucher le matelas.

Judith hurlait encore. C'était normal, elle était sale et n'avait toujours pas manger.

"Chut, calme-toi, Merle va encore crier. Il a besoin de sommeil, comme toi et moi. Toi, tu vas bien manger et tu seras toute propre."

J'apportai ma main sur ma bouche et toussai, tournant la tête pour ne pas cracher sur Judith. Lorsque mes mains se retirèrent de mes lèvres, elles étaient recouvertes de sang et je tremblais. Je pris un chiffon et m'essuyai les mains avec. Il fallait que je trouve de l'eau pour dissoudre le lait en poudre... Je portais Judith dans mes bras et en ouvrant le placard, il y avait des bouteilles d'eau, pour une fois que la chance me souriait... Dans un biberon, je dosai le lait en poudre et versai de l'eau dedans. Judith l'avala d'un trait.
Pour éviter qu'elle tombe du lit dans la nuit, je plaçai des couvertures à terre ainsi que des cousins où je pus l'allonger, lui donnant même une petite tétine. Elle s'endormit plus facilement que prévue et je pus enfin m'allonger dans le lit. Ma tête tournée et mon cœur tanguait... J'avais chaud et froid, faim mais avec une énorme envie de vomir... Je respirai de plus en plus fort, à la limite du gémissement de plainte...

Le lendemain.

Même si j'étais malade à en crever, il fallait que je me fasse pardonner pour mon comportement auprès de Merle et Michonne. Mais je n'avais aucune idée de comment le faire. Rassemblant mon courage à deux mains, je me levai en retombant presque sur le lit. Je caressai mes tempes, cherchant à retrouver de l'ordre dans mes neurones. Après avoir passer quelques minutes comme ceci, je fis une nouvelle tentative qui se montra réussite, grâce aux appuis que je trouvais. En arrivant près de la porte d'entrée que j'ouvris le plus délicatement possible, je pus prendre une bouffé d'air frais.
Je m'approchai un peu plus de la grange où je vis des poules. En m'appuyant contre les murs, je me penchai pour ramasser les œufs et retournai à la maison. Je pris un bol ou je replissai de l'eau et plongeai tous les œufs à l'intérieur. Deux étaient descendus jusqu'en bas. Je me réjouissais intérieurement et plaçai une poële sur la cuisinière à bois. Je fis quelques aller-retour entre la maison et l'extérieur pour trouver du bois et quelques journaux que je plaçai au milieu. Après, une longue recherche d'allumette, je fis bruler les papiers... Quand le feu avait bien pris, c'était pour moi une réussite mondiale.
Lorsque les œufs étaient enfin prêts, je pris deux assiettes, déposant dans une un œuf et de l'autre, pareil. Bon, bien évidemment, c'était plus des œufs brouillés qu'autres choses mais c'était des œufs quand même.
Et voilà que je me remets à cracher du sang... J'avais limité moucheter de sang mon chef-d'œuvre... Essayant de calmer ma quinte de toux pour pouvoir apporter le repas à Michonne et Merle je m'étais assise juste un moment lorsque Michonne débarqua...

"Tu fais un boucan pas possible. Tu vas réveiller Merle. C'est quoi ça ? Des œufs ?
- Oui. Un pour toi et l'autre pour... Pour..."

J'essayai de retenir une toux mais elle était tellement violente que j'en perdis le contrôle. Michonne se jeta sur moi, me tenant dans une chute. Elle tapa sur mon dos, pendant que des larmes coulaient à cause des secousses. Lorsqu'elle passa enfin, Michonne me regarda. Avant même qu'elle ne put prononcé un mot, je me levai, manquant de tomber, refusant en dégageant violemment son bras son aide. Puis je pris l'assiette et montai à l'étage là où se trouver Merle. J'ouvris doucement la porte et le vis, allonger dans une couverture qui s'arrêter au bas du ventre, nu comme un ver. Je ne savais pas si je devais laisser l'assiette et retourner dans mon lit ou lui donner et lui demander pardon...
Finalement, je m'approchai de lui, posai l'assiette sur la table de nuit et m'installai près de lui... Je secouai doucement son corps.

"Salut, je euh... Tu as dit de te réveiller seulement qu'en cas d'extrême... (toux) Urgence bah, voilà. Ton ventre à faim... Et j'ai préparé un petit truc pour toi. Pour te dire désoler. Voilà."

Merle roula sur lui-même en marmonnant.

"Mmmmrfff"

Il constata avec surprise que la Jumelle était assise sur le lit juste à côté de lui.
Combien de temps avait-il dormi ? Quelle heure pouvait-il bien être ?
Il se souvenait s'être à moitié réveillé brièvement au petit matin, juste le temps de retirer ses godasses et ses fringues, et surtout sa prothèse, qu'il avait ôtée avec bonheur - l'armature en métal était sacrément inconfortable à la longue - replongeant immédiatement dans le sommeil et sous la couverture.
C'était foutrement risqué, si des zombis se ramenaient, ce serait pas l'idéal de devoir leur faire face à poil, mais il s'en foutait. Ses habits étaient trop dégueulasses, sa prothèse lui faisait trop mal au bras, et il avait trop besoin d'un vrai moment de sommeil confortable.

Il se redressa et se frotta les yeux en bâillant, peinant à se réveiller tout à fait.
Le premier truc qu'il fit fit fut de ramasser son teeshirt par terre et de l'enfiler. Il se foutait que la gamine le voie à poil, il n'était pas du genre pudique, mais par contre il n'aimait pas trop être vu sans sa prothèse, et pour la mettre il fallait d'abord qu'il mette son teeshirt.
Il faillit soupirer en constatant à quel point le vêtement était raide de crasse et puant de sueur.
Il n'était pas franchement un fervent défenseur de l'hygiène, mais même pour lui, il y avait des limites.

Alors qu'il ajustait sa prothèse à son bras, il considéra la fille en face de lui.
Emi semblait attendre poliment sa réaction, avec un petit sourire intimidé.
Il devait bien admettre que c'était une jolie façon de s'excuser. Il était toujours fâché après elle, mais rien qu'à sentir la délicieuse odeur de l’œuf brouillé, son estomac, lui, était déjà en train de lui pardonner.
Le sale traitre.

"Mouais... finit-il par déclarer, en pliant le bras, faisant jouer les articulations de son appareillage en métal.
J'imagine qu'on a tous eu une journée d'merde, hier. Tous nerveux, hein... Enfin, espérons qu'ce sera mieux aujourd'hui."

Il s'empara de son assiette, la cala entre ses deux genoux, et engloutit l’œuf en trois bouchées.
Il regrettait déjà d'avoir terminé aussi vite. Il en aurait bien avalé six autres.

Emi était toujours assise à côté de lui, n'ayant pas bougé.
Alors qu'il détaillait plus attentivement son visage, ce qu'il vit lui fit froncer les sourcils.
Elle était blanche comme un drap, les traits tirés.

"T'as une sale gueule, dis donc. T'as pas dormi ou quoi ?"

Lorsque Merle m'avait demandé si j'allais bien, je savais qu'il ne fallait pas je lui dise la vérité. Déjà qu'il m'en voulait déjà beaucoup pour la connerie que j'avais faite. Ou la connerie que j'étais...

« Non ne t'inquiète pas, c'est juste la petite qui m'a fait la misère cette nuit. D'ailleurs, on ferait bien d'y aller non ? »

En me relevant, j'essayai de ne pas trembler et de ne pas tomber. Manque de pot, mes jambes me trahirent une nouvelle fois et je dus me rattraper sur le lit de Merle. Il me regardait l'air : « Mais qu'est-ce qu'elle fout celle-là ? »

« T'en fais pas, j'ai juste titubé. Ce n'est rien. »

J'essayai de marcher le plus naturellement possible, mais également de quitter au plus vite cette pièce. Pitié qu'il ne m'appelle pas, pitié... Une fois que je pus refermer la porte, je pris une grande bouffée d'air. J'étais soulagée. On va pouvoir repartir.
Ou peut être pas.
D'un coup, mon corps se balança en avant, et sans que je ne sache comment, je vomis. C'est vrai, je n'avais rien avalé depuis hier et encore, c'était quelque chose de très petit. Ma gorge me faisait énormément souffrir, je la sentais brûler.
D'un coup, je vis du sang. Mes yeux se rouvrirent de plus belle, laissant échapper des larmes clandestines... J'avais peur.
Merle sortit de la chambre et mit sa main sur son visage. Du revers de ma main, j'essuyai ma bouche et me tournai vers Merle, les larmes aux yeux.

"J'suis désolée Merle, sincèrement désolée... Je vais nettoyer ça... Je suis crevée, ne me crie pas, s'il te plait... On devrait y aller..."

Je reniflai et retenais tant bien que mal mes larmes. Il ne fallait pas que je craque devant Merle, pas devant lui... Je voulais changer, faire des efforts, me battre ! Je suis incapable...

Merle lui lança un regard suspicieux.

"Oh non, toi tu vas aller nulle part", rétorqua-t-il.

Emi se remit à tousser, et ses soupçons se confirmèrent lorsqu'elle se mit à cracher du sang.
Elle tenta de se retenir au mur, mais ses jambes ne parvenaient plus à la porter, et elle se retrouva par terre, retenue de justesse par Merle.

"Michonne ! Ramène ton cul noir ici !" gueula-t-il.

Elle rappliqua, montant les marches quatre à quatre avec une expression furieuse. Il ne lui laissa pas le temps de réagir à l'insulte.

"La gamine est malade. Le virus de la prison, elle l'a chopé."

Michonne écarquilla les yeux.

"T'es sûr ?
- Elle est bouillante et elle tousse du sang, tu crois qu'c'est quoi d'autre, le rhume des foins ?" rétorqua-t-il.

Il allongea Emi par terre.
La femme noire avança la main, faisant mine de la poser sur le front d'Emi.

"Pas question, intervint Merle, c'est contagieux cette merde. T'as été près d'elle aujourd'hui ?
- Non.
- Tant mieux, continue comme ça."

Le visage de Michonne changea soudain d'expression, sous l'effet d'une brusque prise de conscience.

"Judith ?
- J'en sais rien, va voir", ordonna Merle.

Alors que Michonne dévalait l'escalier, il reporta son attention sur Emi. Son regard était suppliant, effrayé, et elle luttait de toute évidence pour ne pas pleurer.
Il avait une furieuse envie de lui crier dessus.
Une idiote et un fardeau, voilà tout ce qu'elle était.
Depuis combien de temps est-ce qu'elle leur mentait sur son état de santé ? Qu'est-ce qu'elle avait dans le crâne, cette idiote ? Elle était contagieuse et elle s'occupait d'un bébé de six mois ! Et si Judith tombait malade elle aussi ? Qu'est-ce qu'ils feraient ?
Ouais, il avait vraiment envie de lui hurler dessus.
Mais s'il faisait ça, elle allait éclater en sanglots.

Alors il ravala sa colère, et au lieu de s'énerver, démancha sa baïonnette, passa ses bras autour de la jeune fille et la souleva.
Il la porta dans la chambre où il venait de dormir, c'était la plus proche et ça aurait été stupide de trimballer une malade contagieuse à travers toute la baraque.
Merle reposa Emi dans le lit, lui ôta ses chaussures et son pantalon, et l'installa sous la couverture.

"T'es en quarantaine maintenant, pigé ? Tu restes là, tu t'approches plus d'personne."

Il se rendit compte que le ton de sa voix avait été plus dur qu'il n'en avait l'intention.
Il reprit, plus doucement :

"Cette fois-ci, tâche de faire c'qu'on t'dit. Reste tranquille, j'vais revenir."

Merle referma la porte derrière lui et descendit à son tour.
Il était en train de se rendre compte que si Judith et Michonne ne devaient plus s'approcher de la malade, ça ne laissait alors plus qu'une seule personne pour s'occuper d'elle.
Et merde.

Michonne se trouvait en bas de l'escalier.

"Judith va bien, elle a pas de fièvre. Elle est réveillée, mais elle est tranquille pour le moment, j'l'ai laissée dans la chambre."

Merle se retint de justesse de soupirer de soulagement.
Enfin une bonne nouvelle.

"Bon, faut qu'on s'décide pour la suite, et vite, annonça-t-il. La Jumelle est plus en état d'voyager, et d'toute façon elle doit rester isolée maintenant. Le choix est facile, on a que deux options. Soit on s'tire et on l'abandonne ici, soit un de nous tente de lui trouver des antibiotiques dehors."

Michonne explosa :

"Ah non ! Non ! J'te vois venir, Merle ! Je resterai pas seule ici avec Emi et et le bébé !"

Il soupira.

"Bon, j'en ai marre. C'coup-ci tu vas m'cracher l'morceau. C'est quoi ton putain d'problème avec c'bébé ? Me prends pas pour un con, j'ai bien vu qu'rien qu'la toucher te foutait mal à l'aise. Alors, c'est quoi l'truc ?"

"Bon, j'en ai marre. C'coup-ci tu vas m'cracher l'morceau. C'est quoi ton putain d'problème avec c'bébé ? Me prends pas pour un con, j'ai bien vu qu'rien qu'la toucher te foutait mal à l'aise. Alors, c'est quoi l'truc ?"

Son cœur avait fait un bon. Elle le regardait, sans vouloir lui répondre. Elle pensait qu'il fallait vraiment qu'elle change de sujet, ne voulant s'attarder sur le sujet des enfants...

"Et toi, tu as un problème avec Emi ?"

À ce moment-là, elle se retourna et m'avança un peu vers les escaliers.

"Tu resteras ici. Et moi j'irai chercher des médicaments. Tu restes là et tu t'occupes d'elles."

Elle remit en place son katana et prit quelques affaires, vivre qu'elle put trouver dans son sac. Au même moment, ils entendirent la Jumelle toussait et s'étouffait. Merle râla et ordonna à Michonne de rester là pendant qu'il montait quatre à quatre les marches.

Elle chuchota alors, pour Emi : "je reviendrais, t'en fais pas. Merle sera là."

Et elle prit le chemin vers la porte, qu'elle ouvrit avec doucement, ne voulant énerver encore plus Merle.
Emi ne servait pas à grandes choses mais elle était humaine et n'allait pas la laisser mourir ici. Elle n'était pas sûre qu'Emi l'aurait fait à sa place, mais si on part tous de ce principe, personne ne s'aiderait.

Un peu plus tard sur la route, elle avait croisé beaucoup de rôdeurs qu'elle tuait rapidement. Elle prit dans son sac la carte qu'elle avait prise à Merle, et chercha un endroit qui était susceptible de lui fournir des médicaments. Elle vit alors sur la route une caserne de pompiers. Là-bas, elle trouverait des petits trucs mais pas ce qu'elle cherche vraiment. Finalement, elle prit un chemin qui menait à un hôpital. Même si c'était très dangereux... Mais elle pourrait peut être rencontré des membres de son groupe.

En redescendant de la chambre d'Emi (qui venait de repeindre la moitié de son oreiller en rouge, mais qui heureusement, semblait maintenant dormir), Merle se rendit compte, stupéfait, que Michonne avait filé à l'anglaise.

"La pute !"

Il était si enragé qu'il frappa violemment le mur avec l'extrémité en métal de sa prothèse.
Non seulement elle avait coupé court à leur conversation, mais en plus elle s'était tiré en le plantant là comme un con !

Bon, ok, il était parti pour rester là de toute façon, mais il ne supportait pas l'idée qu'elle le lui impose.
Esprit de contraction, quand tu nous tiens...

Merle continua à taper furieusement dans le mur. C'était très con et pas utile du tout, mais ça avait au moins l'avantage de lui passer un peu les nerfs.
Soudain, il s'arrêta net en entendant un bruit strident à plusieurs pièces de là.
Judith Grimes qui hurlait.
Merle cessa de frapper le mur et vint appuyer son front contre la paroi.

"Putain, ma vie est juste de plus en plus fabuleuse..." grommela-t-il.

Une fois dans la chambre de Judith, il la trouva par terre sur le ventre en train de battre des jambes en s'égosillant.
Elle avait dû essayer de se soulever et s'était cassé la gueule tête la première. Ou bien elle en avait simplement marre de s'emmerder toute seule et pleurait pour attirer l'attention.
Merle la ramassa et la remit assise sur le lit.

"Stop. Stop. Arrête de pleurer."

Judith fit une pause entre deux mugissements et le dévisagea avec circonspection.

"S'il te plait, rends pas ma journée encore plus déprimante, j'suis déjà en train d'battre un record, là. Alors c'est vraiment pas l'moment d'pleurer."

Merle s'adressait à elle tout à fait calmement, sur le ton de la conversation. Ca ne servait à rien de crier sur un bébé, parler tranquillement était encore ce qui fonctionnait le mieux avec eux.
La preuve, ça marchait, Judith ne pleurait plus.

"Qu'est-ce que tu crois, hein ? Moi aussi, j'aimerais bien m'étaler par terre en chialant, vu à quel point ma vie est merdique en c'moment, mais si on faisait tous comme ça, on n'irait pas bien loin."

Judith dut trouver sa réflexion particulièrement marrante, car elle laissa échapper un petit hoquet de rire.

"Et bien voilà, se réjouit Merle, un joli sourire tout mignon. J'préfère ça."

Après tout, Judith était la seule et unique personne à la prison qui souriait quand elle le voyait.
Bon, d'accord, elle souriait à tout le monde... mais ça comptait quand même, non ?

Contrairement à ce que tout le monde pensait à coup sûr, Merle n'avait rien contre les enfants, surtout les tout petits comme ça.
Il ne s'approchait jamais d'eux et évitait soigneusement de les toucher, mais ce n'était pas parce qu'il les détestait.
C'était beaucoup plus complexe que ça, il avait ses raisons, mais il doutait fortement que qui ce soit puisse les comprendre...
Et puis bon, en ce qui concernait Judith, on ne l'aurait pas laissé l'approcher, même s'il l'avait voulu.
Lui, le paria, le voyou, le sale type, le mouton noir, toucher la fille de Rick Grimes ? Inimaginable.
A cette pensée, Merle lâcha un reniflement méprisant.
Rick Grimes. Pfff.
Déjà, pour commencer, c'était même pas sa fille.
Tout le monde savait que c'était celle de Shane. La petite aurait aussi bien pu s'appeler Judith Walsh.

Enfin... ça changeait pas grand chose pour lui, vu qu'il détestait autant Shane que Rick.
Fallait pas non plus le prendre pour un con. Rick était peut-être celui qui l'avait menotté au tuyau, mais Shane était celui qui s'était opposé à ce que Daryl et les autres reviennent le chercher.
Qu'est-ce qu'il s'imaginait ? Que ça n'allait pas lui revenir aux oreilles ? Bande de connards, va...
Quant à la mère, Lori Grimes, il n'avait pas une meilleure opinion d'elle.
Pas parce que c'était une salope avec le feu au cul, ça il s'en foutait, à la limite ça la rendait presque sympathique, ça. Non, s'il pouvait pas la saquer, c'était parce que c'était une pétasse hautaine qui se croyait meilleure que tout le monde.

"Ouais, dit-il à l'adresse de Judith, ta famille, c'est pas un cadeau, sacré bande de cons."

La petite demeurait silencieuse, et le regardait avec intensité, comme fascinée.
C'était étrange de se retrouver comme ça seul avec elle. Pas de témoins, personne pour le juger.
Et donc il pouvait dire ce qu'il pensait vraiment.

"Mais toi non, toi j'te déteste pas..."

Les paroles sonnaient bizarrement dans sa bouche.
Il passa prudemment les doigts dans les cheveux de Judith, faisant glisser doucement une petite mèche entre le pouce et l'index.
Il avait oublié à quel point les cheveux des bébés étaient incroyablement doux et fins.
Pourtant, à une époque, Daryl avait été comme ça, lui aussi. Merle était lui-même enfant à l'époque (il était juste un petit peu plus jeune que Carl lorsque son petit frère était né), mais il s'en souvenait encore.
Cela lui semblait remonter à des années lumière.

Il prit Judith et la cala contre lui, avant de l'emporter jusqu'à la cuisine, où il la posa par terre.
Il ouvrit ensuite les tiroir et en sortit toute sortes d'ustensiles, des cuillères en bois, une louche, un fouet, un décapsuleur, un rouleau à pâtisserie. Que des choses qu'elle pourrait manipuler et cogner les unes contre les autres sans les casser ni se faire mal.
Il les disposa au sol devant elle.

"Voilà, amuse-toi bien."

Les machins de cuisine, avec Daryl, c'était un truc qui avait toujours fonctionné. Ces bidules allaient la tenir occupée un petit moment.
Suffisamment pour lui laisser le temps de fouiller finalement la maison correctement.
Il pourrait peut-être y trouver quelque chose d'utile. De la nourriture, même un peu, ce serait chouette (l’œuf avait été apprécié, mais ça ne suffisait pas à combler un appétit de deux jours).
Des médicaments à donner à Emi, ce serait encore mieux.

Lorsqu'Emi se réveilla, elle était en transe. Et ça l'a gêné énormément. Elle avait chaud, tellement chaud. Lorsqu'elle tourna la tête, elle trempait ses cheveux dans son propos vomi. Elle toussa tellement fort, que les secousses l'envoyèrent à terre. Elle tomba à plat ventre et vomit par terre, le front contre le sol. Elle ne savait pas où était Merle, Michonne et Judith. Ils étaient peut-être déjà parti à ce moment précis... Elle voulait pleurer, mais elle savait que c'était pour elle un effort surhumain. Elle ne sentait plus ses membres, mais dans un ultime effort, elle prit le médaillon qu'elle avait autour du cou. Elle le caressa et chuchota, les lèvres gercées et presque pâle : « Matt... ».
Un peu plus tard, elle s'était rendormie et venait tout juste de reprendre conscience. Elle ne savait pas comment elle pouvait tenir encore. Elle était toujours couchée par terre, replier sur elle-même. Lorsqu'elle leva la tête, elle vit quelques choses d'improbable. Matt était là. Il la souleva et la recoucha dans le lit. Elle respirait fort et des larmes coulèrent. Et pris son visage dans ses deux mains et le caressa du pousse.

« Tu es revenue... Pour moi... »

Mais ses deux mains furent repoussées doucement. Elle ne comprenait pas. Pourquoi son frère la repousser ? Son frère qu'elle avait perdu, qui était tout pour elle...
Elle se rendormit une nouvelle fois, et lorsqu'elle se réveilla, elle était de nouveau dans la chambre. En ouvrant les yeux, elle était seule... Encore.
Elle murmura le prénom de son frère, elle était paniquée. Où était-il ? Elle se mit à hurler, même si ses cordes vocales lui brûlaient. Elle s'en fichait. Elle voulait voir son frère. C'était trop pour elle, elle tenta de se lever mais elle retomba sur le lit. Elle se cogna plusieurs fois la tête dessus et elle éclata en sanglots. Elle était faible. Elle ne voulait pas être si faible, parce Merle et Michonne la haïraient encore plus. Michonne était une guerrière, contrairement à elle. Merle lui, c'était un malade des armes et du combat. Il tuait des rôdeurs de sang froid alors qu'Emi devait réfléchir à cent fois avant de se lancer. Son frère lui, il tuait comme s'il l'avait fait toute sa vie. Elle était toujours derrière lui, même quand ils étaient à la prison. Lorsque Rick leur avait attribué une chambre, elle se sentait obligée de dormir dans ses bras. « Pour être en sécurité. ». Oui, pour être en sécurité... Mais maintenant, où était-elle ? Elle n'était pas dans un lieu sûr. Sous ses yeux, tout le monde avait été tué. Son frère avait disparu et la seule chose qu'elle avait réussi à faire c'est de courir, prendre la petite et se cachait contre un mur...
Elle prit dans ses mains ses cheveux et tira dessus, hurlant de douleur.

« Merle, Merle, Merle, Merle, Merle ! Où est Matt ? Il était là ? Viens m'aider, je t'en supplie ! Je suis désolée de tout ! Je suis faible... » Hurla-t-elle en se tirant encore les cheveux et en se balançant d'avant en arrière.

« Je suis si faible... » Murmura-t-elle en se laissant tomber en avant.

D'un coup, la porte s'ouvrit. Merle était là.

Au fil des heures, Merle avait eue la bonne surprise de voir Judith Grimes rester plutôt sage et silencieuse. Elle s'était même endormie de bonne grâce pour une sieste.

Emi, par contre, c'était une tout autre paire de manches.
Son état n'avait cessé d'empirer.
Il était monté la voir plusieurs fois, mais, de toute évidence, elle était désormais trop confuse pour s'en rendre compte. Elle était passé progressivement d'un sommeil agité à un délire fiévreux. Il avait tenté de la raisonner (et surtout de la calmer), mais elle était si paumée qu'elle l'avait pris pour son frère. Elle s'était réveillée et rendormie plusieurs fois.

Et puis soudain, il l'avait entendu hurler à travers le plafond.
Montant les escaliers quatre à quatre, il s'était retrouvé devant une Emi totalement paniquée, pleurant et criant.
Sauf que cette fois-ci, elle n'appelait plus son frère. Elle l'appelait lui.

Merle était resté un instant figé sur le palier, stupéfait.
Pourquoi est-ce que c'était lui qu'elle réclamait ?
Elle était si délirante qu'elle ne pigeait plus rien à rien, alors à ce point-là, pourquoi n'appelait-elle pas au secours des gens qui étaient proches d'elle, des figures amicales, rassurantes, comme son frère, Hershel, Beth ou même Rick ?
Pourquoi est-ce qu'elle l'appelait lui, alors que de toute évidence elle avait peur de lui et le détestait ?

Qu'est-ce qu'il était censé faire ?
La rassurer ? Depuis trois jours, ils ne s'adressait à elle que pour lui balancer des reproches à la gueule ou l'intimider. Tu parles d'une figure rassurante.
N'empêche qu'il fallait qu'elle se calme, et vite, avant de...

Lorsqu'il entendit les bruits en bas, il crut tout d'abord que les hurlements d'Emi avait réveillée Judith, et il faillit pousser un juron furieux.
Mais la seconde d'après, il reconnut les grognements et les grattements d'ongles, et ce ne fut pas la colère qui le prit, mais une onde de peur pure qui le traversa des pieds à la tête.

Il venait de se retrouver propulser dans la pire situation possible.
Judith et Emi étaient toutes deux incapables de se défendre et inconscientes du danger, et lui il était tout seul, sans Michonne.

Il se mit à réfléchir à toute vitesse.
Leur seule chance pour s'en tirer tous les trois c'était de faire les morts, et que les rôdeurs ne parviennent pas à entrer dans la maison.
Il n'était pas dupe : maintenant que les hurlements de la Jumelle leur avaient attiré un public, ce dernier ne risquait pas de partir de sitôt. Les rôdeurs n'étaient pas du genre à se lasser facilement.
Mais si la maison redevenait silencieuse, ils allaient peut-être progressivement cesser de s'acharner sur les ouvertures et se contenter de faire le pied de grue devant.
S'ils tenaient jusqu'au retour de Michonne, celle-ci serait assez intelligente pour attirer leur attention et les éloigner momentanément.

Merle se précipita en bas, attrapa Judith et son sac d'affaires et vérifia rapidement qu'aucun rôdeur n'était encore parvenu à entrer.
Il avait déjà veillé un peu plus tôt à ce que les portes et volets soient fermés, il ne pouvait pas faire mieux que ça.
Soit ça tenait, soit ça tenait pas, mais dans les deux cas il n'y pourrait pas grand chose.

Arrivé dans la chambre, il ferma à double tour derrière lui.
Il posa le bébé dans le coin de la pièce le plus éloigné possible du lit.
L'idée d'avoir les deux filles au même endroit ne lui plaisait pas du tout, le risque de contamination était énorme, mais il n'avait pas vraiment le choix.

Emi avait recommencé à geindre et à se tortiller.
Elle toussait bruyamment, crachant du sang.

"Désolé gamine, mais là va vraiment falloir que tu la fermes."

Merle s'empara sans hésiter d'un oreiller et le lui enfonça sur la figure fermement.
Emi se débattit en poussant des cris étouffés, mais elle n'avait pas la moindre chance de se dégager.
Merle continua d'appuyer sur l'oreiller sans sourciller.
Il n'avait pas le luxe de se permettre de s'arrêter pour réfléchir si ce qu'il faisait était moral ou non.
C'était ça ou l'assommer.
Il n'avait pas l'intention de tuer Emi, encore moins de lui faire du mal, il voulait juste l'envoyer dans les vapes et la rendre silencieuse.
Tout en le faisant, il priait pour que Judith ne se mette pas à pleurer.

Emi avait tenté de se débattre du mieux qu'elle pouvait. Mais ses membres l'ont lâché de plus en plus. Traitre. Elle parlait évidemment de ses membres mais également de Merle. Pourquoi il faisait ça ? Pourquoi il essayait de la tuer ?

Finalement, elle s'endormit...

Quelques heures plus tard, elle se redressa de son lit. Elle allait un peu mieux. Même si elle était toujours collante de transpiration. Se croyant seule dans la pièce, elle retira son t-shirt pour se retrouver en sous-vêtements. Elle avait eu du mal à le retirer. Lorsqu'elle leva les yeux, elle vit Merle au coin de la pièce, près de Judith. La pièce était très sombre...

"Il s'est passé quoi ? J'ai mal au crâne, je ne me sens pas bien... Je peux avoir un verre d'eau, s'il te plait ?"

Il pivota sa tête vers elle. Il ne répondit pas et posa sa tête sur le côté. Lorsqu'elle se leva, - on ne sait comment -, elle s'approcha doucement de Merle. Il la suivait du regard. Lorsqu'elle se pencha sur Judith, elle n'était pas là... D'un coup, Merle l'attrapa et se mit à lui arracher l'épiderme de son cou. Elle hurlait très fort, pendant qu'il se régalait de son corps. Elle manquait de plus en plus d'oxygène, tandis que Merle commençait à s'acharner sur ses os, ses organes, les broillants. Elle entendait sa chaire se faire mordillait par les dents recouvertes de sang de Merle. Merle mort...

Elle ouvra les yeux. Elle ne pouvait plus bouger. Elle était toujours allongée dans le lit. Elle remonta la couverture jusqu'à son nez, essayant de faire le moins de bruit possible. Elle avait rêvé. Elle apporta sa main à son cou et fut soulager de ne pas être bouffée.
Merle se pencha vers elle pour voir si elle dormait.
Elle tenta de ravaler les larmes qui naissaient dans ses yeux. Mais elle ne put. Elle était terrifiée.

"Pourquoi tu as fait ça ?... POURQUOI TU AS FAIT CA ?"

Elle se redressa de son lit mais une douleur affreuse au ventre la prit sur le coup. Elle se replia sur elle-même et tenta de ne pas succomber. Elle mit du temps à se mettre debout et s'approcha de Merle en titubant. Elle s'efforça de garder ses yeux dans les siens, mais son regard était plus profond et provocateur. Elle baissa alors la tête la première. Elle voulait le frapper de toutes ses forces...
Elle se tourna vers Judith et l'observa dormir dans le coin de la salle.

"Il se passe quoi ici ? Où est Michonne ? Il est quelle heure ?"

Emi fut prise d'une toux grasse et elle cracha de nouveau du sang.

"Je voudrais juste un peu d'eau... C'est tout..."